Des jeunes acteurs talentueux pour une comédie pas assez drole
Crazy For Waiting (ou tout autre titre plus ou moins débile) s'attaque à la longueur du service militaire des jeunes coréens, mais ressentie par leurs copines. De toute façon, les hommes sont obligés d'attendre la fin pour reprendre une relation sérieuse, donc c'est sur les filles que retombe la lourde tâche de patienter, car la tentation rôde toujour alentour. Les appelés ne sont pas dupes, et aucun n'oublie de poser la question pleine d'angoisse : "tu mattendras hein ?". Évidemment, certaines y arrivent, d'autre non, dans un déroulement plus ou moins attendu. Certains sont certes étonnant, et on notera l'avantage du film à bien insister sur le changement psychologique des personnages (ou pas, pour certains). Autrement, on est peu étonné par les chutes, même lorsqu'on ne s'y attend pas. S'il y a une chose intéressante, c'est l'interprétation des actrices, certaines dans des rôles où on ne les y attend pas. Ainsi, Jang Hee-Jin, qu'on avait repérée en jeune fille plutôt caractérielle dans Gangster High, se retrouve en petite fille timide dans l'ombre d'un groupe de rock, où encore Seo Min-Jeong, révélée dans Samaria, devient une Pusanaise (à l'accent à couper au couteau) extravertie, manipulatrice et totalement vénale (amusante mais des fois un peu gonflante). Au final, le film n'est pas si comique que ça ; il tente même de jouer un peu sur la fibre sentimentale (heureusement sans forcer), mais on est loin de la grosse comédie qui a l'air de se dégager de l'affiche.
Frais, distrayant et tellement vrai !
Crazy for Waiting c'est quand même vachement bien. Enfin une comédie coréenne qui ne se prend pas le chou à tomber dans les théories amoureuses d'adolescentes perturbées dont on se fiche éperdument pour dresser de véritables portraits d'hommes et de femmes comme on aimerait en voir plus souvent, toute génération confondue, libres et parfois sincères. Ici, les hommes sont convoqués au service militaire obligatoire pour une période de deux ans et les quatre couples se sont promis d'attendre le jour J, moment de leur "libération". Pourquoi le film de Ryu Seung-Jin est-il attachant et même parfois surprenant dans son discours? Sans doute parce que ce jeune cinéaste dépeint avec un certain réalisme des histoires de coeur qui virent souvent au cauchemar de manière hélas naturelle : les jeunes femmes, pourtant à première vue sincères, ne respecteront pas toutes leurs engagements et aux hommes alors d'en pâtir, obligés de terminer leur service malgré quelques vacances bien méritées. Les vacances seront d'ailleurs les seuls moyens d'échanges directs entre les couples : une des jeunes femmes membre d'un groupe de rock usera des moments libres de son copain pour se rapprocher de lui et espérer conquérir son coeur tandis qu'une autre, véritable pute à frange incarnée par Seo Ming-Jeong, ira chercher ailleurs sans le moindre remord et même lorsque son petit copain reviendra le temps de quelques jours, cela ne l'empêchera pas de continuer sa nouvelle relation. Il n'empêche que Ryu Seung-Jin vise parfois très juste lorsqu'il confronte les sentiments de chacun, les "on s'attendra?" ont autant de valeur que les "je t'aime" de nos jours, c'est à dire aucune. Beaucoup pourront se retrouver dans un des huit portraits tous bien distincts, d'où cette valeur affective que l'on éprouve à sa vision qu'importe les qualités cinématographiques parfois traitées à la légère. Certains films négligeant l'aspect formel arrivent à être de grands films malgré tout, et si Crazy for Waiting n'est pas le meilleur exemple de cette catégorie, force est de constater qu'il s'avère bien au-dessus du lot des comédies romantiques faussement lacrymales que nous pond le pays du matin calme, tout en négligeant l'aspect formel.
Ce film-ci n'est pas un grand moment de virtuosité visuelle, mais l'ensemble tient la route malgré quelques facilités caméra sur épaule et autres sévères ratés dans le montage parfois digne d'un mauvais drama nippon comme ces séquences rock parsemant le film de temps à autre ou les éternelles transitions entre les séquences propres à chaque couple pas souvent bien fichues. Ce manque de soin au niveau de la structure, laissant un arrière goût de "film à scènes" plus qu'un véritable tout cohérent. Mais la mayonnaise prend bien et le film jouit d'un rythme qui ne faiblit jamais, toujours rehaussé par quelques rebondissements tantôt burlesques (la rencontre entre les deux hommes de Bi-Ang) tantôt tristounets (lorsqu'un des soldats apprend que sa petite amie n'a plus aucun sentiment pour lui). On appréciera le jeu inspiré des comédiens, mention à Jang Hee-Jin façon Bae Du-Na timide (le côté dépressif en moins, tout de même) que l'on ne connaissait pas tellement sous un tel jour, elle en est même belle à crever lorsqu'elle se lance dans le rock en fin de métrage. Pas de raisons de bouder ce film sans prétention au sujet toujours d'actualité, grinçant mais tellement vrai.
Attente insupportable
Après "The Unforgiven" ou – dans une moindre mesure – "Rainbow Eyes", "crazy for waiting" s'attaque à son tour au sensible sujet du service militaire obligatoire en corée. Deux années…deux pleines années à servir la nation pour se préparer au pire. Ca fait plus encore que mon père ayant été loin de ma mère, mais moins, que certains de mes potes israéliens, qui sont formés à devenir des véritables machines à tuer au cours d'un cursus infernal de trois ans (et 18 mois obligatoires pour les filles).
Peu importe finalement, car ce n'est pas comme si "Crazy for waiting" s'embarrassait de la moindre notion de réalité mondiale. Le service militaire ne sert que de mince prétexte à une autre de ces sempiternelles comédies romantiques et même l'étude des mœurs amorcée dès le titre s'efface rapidement devant un scénario rempli à ras bord de clichés. Ca démarre mollement comme une comédie (pas très drôle) pour ensuite virer vers un drame (pas très approfondi) où ça braille, ça pleure et ça s'interroge. Une espèce de soap pour djeunz, façonné sur des milliers et des milliers de scénarii ayant déjà précédé cette production sans aucune originalité. Rompez !