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3.32/5
Clean
les avis de Cinemasie
4 critiques: 3.38/5
vos avis
21 critiques: 3.39/5
Du courage
Précieux, fragile et désespérément humain,
Clean vaut plus que son étiquette de chronique d'une ancienne junkie, sous fond de rock et de comédie dramatique comme les cinéastes français savent le faire. Pourtant, si le film d'Olivier Assayas fonctionne et touche autant, c'est parce qu'il est sublimé par l'interprétation de Maggie Cheung, touchée par la grâce, deux ans après le blockbuster
Hero. Pourtant Maggie Cheung confiait à Cannes en 2000 qu'elle en avait assez de tourner dans des films commerciaux et que faire des films d'auteurs de temps en temps lui convenait parfaitement, avec Wong Kar-Wai entre autre même si l'on connaît les tristes rapports qu'ils entretiennent tous les deux depuis
2046, sa dernière apparition à ce jour au cinéma, avec
Clean. L'on est amené à se demander si Maggie Cheung a encore goût pour le cinéma, qui après une carrière exemplaire en compagnie de Jackie Chan pour ses débuts, Wong Kar-Wai ou Tsui Hark pour sa notoriété internationnale, pourrait freiner du pieds et prendre une retraite ainsi bien méritée, sagement assise au panthéon des actrices asiatiques -et mondiales- qui ont laissé une trace indélébile dans l'univers du cinéma. Avec
Clean, cette dernière étonne, sied et décourage par son personnage de "femme" et "mère" qui tente de refaire sa vie après le décès de son mari et star de rock, disparu des suites d'une overdose d'héroïne.
Clean propose donc un parcours à travers l'Europe (Paris, Londres), les Etats-Unis (San Francisco) et le Canada (Vancouver), autant de cultures différentes qui finissent par se rejoindre notamment grâce à la présence de Nick Nolte, éternel grand second couteau du cinéma américain ici dans la peau d'un vieil homme, père du défunt mari d'Emily, et Maggie Cheung parce qu'elle représente le modèle de mixité culturelle (actrice Hongkongaise maîtrisant aussi le français et l'anglais). Olivier Assayas a su tirer parti à la fois du charme de l'actrice et de la finesse d'écriture du scénario, sorte d'ascenseur émotionnel et descente aux enfers d'une ex-chanteuse rock, heureusement souvent secouée d'éclairs d'espoir (la rencontre avec le petit Jay, le contrat quasiment signé avec un Label de disque en fin de métrage). Mais voyez avant tout
Clean pour son actrice, franchement au-dessus du lot.
Avis partagés
Smeagol (saute dans la pièce, les bras levés et le visage épanoui) : Beauuuu ! Très beau film ! ! Smeagol très ému ! ! Maggie beeeelle, histoire beeeeelle, ambiance… beeeeeelle ! ! Awaouuuh, Smeagol trop dedans ! !
Gollum (assis dans la seconde sur le canapé, l’air dépité) : Tssssss… Clean nul. Comme drames qu’on trouve dans films policiers. Mais là y’a pas film policier autour. Musique un peu comme dans « Heat », mais pas de « boum-boum-ratata » entre moments ennuyeux. Clean nul !
Smeagol (les mains jointes, les yeux brillants) : Pas ennuyeux : beauuuuu. Regard de Maggie enchanter Smeagol. Et visage de Maggie plus vieux, mais, euh… « capable d'offrir aussi bien les larmes, la détermination, la joie de la (re)conquête que les mines des lendemains qui déch...»
Gollum (l’air méprisant) : Pffff, Smeagol trop aller sur internet pour lire critiques inutiles ! ! Smeagol dire n’importe quoi ! ! Nul ! ! Film parisien sur vie parisienne branchée bi-sexe, fumer être cool… (geste dédaigneux) Pouah ! ! Pas bon ! ! Moi pas parisien et pas gêné ! ! Devant ça, pas besoin Kleenex pour pleurer. Ni pour autre chose parce que Maggie jamais nue ! Nul !
Smeagol (interloqué) : Kleenex ? Clean ex-traordinaire, oh ça oui ! ! (Smeagol baisse les yeux, peiné) Moments triiiiiistes, passages difficiiiiiiiles. Houla oui, Smeagol caché derrière canapé quand Rick Nol dire à Maggie qu’enfant pas partir avec elle. Triiiiiiste.
Gollum (se cherche une crotte de nez récalcitrante): Pffff, Nick Nolte, pas Rick Nol. Smeagol dire n’importe quoi.
Smeagol (nimbé par les pubs à la télé): Smeagol adorer Clean, très good ! !
Gollum (cynique, sourire en coin): Gollum préférer Clint Eastwood…
Smeagol (acquiesce et bondit, puis tournoie autour de la télé) : Ouiiiii, « Route Madison » triiiiiiste, beauuuuuu, musique beeeeelle ! ! Smeagol beaucoup pleurer quand voiture à Clint clignoter(*) et partir ! !
Gollum (mange une cacahuète. A moins que ce ne soit… ) : Bon. Y’en a marre d’Arte. Demain c’est DVD avec Donnie Yen. Lui pas rigolo, lui « cleaner » avec coups de pied au moins ! !
Smeagol (le regard plein d'espoir) : Donnie Yen jouer dans "The lovers"?….
Gollum (le regard vide): Non.
(A suivre…)
(*) A ne pas confondre avec "Cligne Eastwood", aucun lien de parenté, qui passait son temps depuis l'ouest du bois de boulogne à faire de l'oeil aux transexuels en vadrouille dans la forêt. D'où son nom à ce monsieur. CQFD.
Clean "clean"
Il manque peu à Clean pour entre génial. C'est malheureux à dire à cet éminent connaisseur du rock, il manque du rock. Il y avait deux solutions : soit plus de sécheresse punk, exactement le même scénario mais direct in the face, que du Maggie, une ligne tirée, tendue, jusqu'au happy end. Pour Assayas, cela aurait été un retour à ses premiers films et une belle manière d'assumer sa froideur, sa distance de dandy parisien, son amour de Hou Hsiao-Hsien. Un film Strokes, Placebo, Interpol, Cure peut être, qui n'aurait pas été Clean, mais Cold.
Soit du pathos blues, des impros, des larsens, que du Maggie toujours, toujours le même scénario mais avec des hurlements, des pleurs in extenso, ses sons pas clairs, des fulgurances. Pour Assayas, cela aurait été l'aboutissement des errements de Demonlover, l'Eau Froide 2 (inversé, avec happy end), un film plus japonais, peut être du Shunji Iwaï en forme olympique, une manière d'assumer sa belle envie de faire des films internationaux. Un film Sonic Youth, Radiohead, White Stripes, Neil Young, qu'importe. Le titre aurait été imbitable, du genre "See Emily Play", un titre de Pink Floyd 1967, période Syd Barett.
Mais Clean s'appelle Clean, parle d'être Clean et est obstinément Clean. Il démarre pourtant sur du vrai rock, crade, presque amateur. Mais... mixé "Clean" : comme dans une sitcom, les personnages parlent posément alors que Assayas sait bien que dans une salle de rock, on ne s'entend pas parler. Par la suite, la musique est très décevante par rapport aux précédentes B.O. d'Assayas, de l'ambiant zen, un comble. Là encore, exception, une des meilleures scènes du film : Béatrice Dalle écoute une démo de Emily et dit : "Je trouve ça ni bien ni mal". C'est ça le rock : les Stones en ont fait, des démos nulles... L'image aussi est clean, sauf au début, encore, puis les variations suivantes sont infimes.
On est déçus, car le scénario est parfait, la trajectoire vers un happy end plus audacieuse qu'elle n'y parait, et tous les acteurs sont métamorphosés. Quel filmeur de femmes, tout de même, et Nick Nolte, immense. On voulait adorer ce film. Deux visions n'ont pas pu changer une amère déception, exceptés les quelques exemples ci-dessus. Clean est beau, mais comme certains groupes de rock établis vont parfois aller chercher le producteur qui leur sortira un son FM lisse, Assayas est allé cherché le grand public. Il semblait avoir peur d'abîmer sa Maggie, comme un bourgeois avec sa belle bagnole. Assayas est clean, maintenant, Maggie est une anti-star en couv' de Telerama. Fuck.
Envers du Rock et Nouvelle Vie
En portant de nouveau son regard de cinéaste sur un milieu -le milieu rock- qui lui avait déjà réussi cinématographiquement à ses débuts (le très bon Désordre), Assayas offre avec Clean une petite réussite confirmant qu'il est à son meilleur dès qu'il s'agit de parler d'un courant musical qu'il aime et des acteurs de ce courant. S'agit-il pour autant du grand film claironné ici et là? Non du fait de quelques défauts pas négligeables. S'agit-il comme le pensent les détracteurs du film de son oeuvre consensuelle, pleine de bons sentiments et cherchant à ratisser large? Non, car on ne saurait reprocher à un auteur chéri de la critique de tenter de concilier ambition et effort d'accessibilité. Surtout quand son film ne nie pas la face noire du rock et du combat d'une femme...
Clean réussit en effet le paradoxe d'être une oeuvre très juste sur le milieu du rock et sur ce que le rock est devenu à partir d'un pitch tout sauf rock'n'roll puisqu'il parle d'efforts mobilisés pour tourner le dos à ses exçès passés, pour pouvoir mener une vie normale de mère de famille. Mais à bien y regarder ce paradoxe n'est qu'apparent vu que le film s'inscrit dans la droite ligne de l'entreprise démythificatrice du milieu rock et de la rock'n'roll way of life de Désordre: le personnage d'Emily ne correspond à aucun des stéréotypes féminins acceptés par le milieu rock -la chanteuse au look "garçon manqué" à la Patti Smith ou la groupie- et Assayas évoque une partie de ce qui fait la mythologie rock aux yeux de ses amateurs au travers du prix qu'il faut payer pour l'incarner, des situations personnelles dramatiques qu'elle peut créer pour ceux qui ont vécu la réalité derrière le mythe.
Le film fonctionne d'ailleurs en partie sur le décalage entre l'image qu'ont les autres d'Emily et ce que peut impliquer sa volonté de survivre à tout prix, de tourner le dos à son passé pour pouvoir (se) prouver qu'elle peut récupérer son fils et être en état de l'élever: être serveuse dans un restaurant chinois ou vendeuse au Printemps entre autres... Si l'on excepte les superbes scène en concert (qui prouvent au passage qu'Assayas n'a rien perdu de son talent pour capter l'énergie rock en action sur scène), c'est ce versant-là du film qui lui donne ses moments de grâce transcendés par une Maggie Cheung jouant ici une figure de femme ancrée dans le quotidien, voyageuse polyglotte tiraillée entre Europe, Amérique et Extrême Orient, dépourvue de la dimension glamour des rôles qui ont fait sa gloire en Occident et capable d'offrir aussi bien les larmes, la détermination, la joie de la (re)conquête que les mines des lendemains qui déchantent.
L'autre interprète qui donne au film quelques-uns de ses plus beaux moments, c'est Nick Nolte au rôle d'Albrecht incarnant une figure d'homme bon, capable de pardon vis à vis d'Emily. Albrecht est en effet conscient du combat de cette dernière parce qu'il sait qu'il lui faudra un jour passer le relais de l'éducation de Jay à Emily. Nick Nolte porte son rôle de toute sa voix usée par la clope. Ce rôle fait de plus sourire quand on sait le passé de l'acteur concernant la prise de substances illicites. L'investissement de Maggie Cheung et Nick Nolte dans leurs rôles respectifs est tel qu'ils arrivent à émouvoir même quand le texte qu'ils ont à dire offre des aphorismes sur la vie digne d'un mauvais tube de variétés.
Puisqu'on en est à parler des défauts du film: outre que les passages concernant Balibar et Tricky sont moins réussis que le reste, le scénario comporte quelques invraisemblances. Le fait que Emily soit très vite "sur les bons rails" fait facilité mélodramatique par exemple. Dommage parce qu'en évoquant un univers rock dont toute innocence a disparu, où certains réussissent en se reniant, un rock devenu business et objet de consommation même dans ce qui était censé être ses zones de résistance à cette évolution (le rock indépendant des années 80-90) Assayas fait mouche. Parmi les qualités "rock" du film, on trouve aussi une BOF où les morceaux de Brian Eno font entre autres leur petit effet atmosphérique. Mais surtout une mise en scène finalement totalement rock dans sa diversité (à l'image d'un film voyageur tourné entre les USA, Londres, Paris et la Canada) qui permet de mesurer le chemin parcouru par Assayas depuis ses débuts. Au gré du récit, elle sait se faire énergique pour capter caméra à l'épaule l'énergie d'un concert rock ou celle de Maggie Cheung comme se poser ou se faire par moments plus ample ou classique lorsque le récit le demande. Le film est bien cadré en Scope et sa photographie lui offre un peu de mélancolie lorsqu'elle se fait bleutée. Quant à l'ex-Gallon Drunk maintenant membre des Bad Seeds James Johnston ou Béatrice Dalle, ils n'ont pas besoin de beaucoup de temps de présence à l'écran pour marquer le film de leur charisme inné.
Mais que manque-t-il pour faire un grand film? Dans Clean, Assayas filme bien. Mais sa mise en scène est un peu mi-figue mi-raisin: on sent qu'il voudrait concilier une capacité de la mise en scène et du montage à être synchrone du ressenti des personnages héritée de la Nouvelle Vague et un sens plastique digne de Michael Mann et des stylistes hongkongais. En lieu et place de la synthèse espérée, on est face à un compromis mollasson. Assayas, champion du monde des films grandioses sur le papier?
Excellente prestation de Maggie Cheung, dans ce film maitrisé à la BO excellente avec l'excellent groupe Metric notamment.
Interessant
Le film est un peu long mais Maggie Cheung est vraiment boulversante dans le rôle de cette mère (junkie) paumée. La réalisation d' Assayas est un peu conventionelle et tout est fait pour surtout mettre son actrice principale en valeur. On va pas lui en vouloir.
Cold
Clean, film trop froid, plutôt tiède ou pas assez chaud ? C'est un peu tout ça, en trop ou en moins c’est selon.
Toujours d’une ambition indiscutable, continuant à suivre ce chemin qu’il a commencé à pratiquer depuis Demonlover en exportant le cinéma français vers d’autres frontières, en allant filmer à l’étranger, et il est l’un des rares sinon l’unique à le faire avec autant de talent, Assayas signe avec Clean une œuvre décevante.
Tout avait pourtant bien commencé. Partir du milieu rock, terrain qu’Assayas connaît bien, broder ça avec un sujet en or, le parcours d’une mère prête à tout pour changer, se désintoxiquer afin de retrouver son fils après la mort de son mari, rock star sur le déclin, et filmer tout ça avec son style tout en mouvement, mise en scène constamment instable, pleine de soubresauts et d’instincts où le moindres trajets est suivi scrupuleusement. Un parti pris esthétique qu’Assayas de film en film maîtrise de mieux en mieux. Pourtant quelque chose dérange. Mais quoi ? La question est vaste. D’abord le problème de Clean est une question de regard. Comment voir ce monde depuis une conscience de petits bourgeois qui contamine en permanence la mise en scène ? De cela Assayas n’y peut rien. Le dandy parisien, un peu chic et intello fait du cinéma et la sociologie n’est pas son sport de combat. En soi c’est une chance. Mais la question n’est pas là, tout ceci est palpable (à l’écran) mais pas conscient (dans ses choix). Là où ceci devient gênant c’est quand le film brode sur des stéréotypes et des situations dignes d’un numéro des Inrocks. Comment croire –entre autre-, dans la trajectoire de Maggie Cheung, lorsque celle-ci au détour d’une rencontre avec une Jeanne Balibar exaspérante et lesbienne se révèle être l’occasion de révéler un passé bi-sexuel ? Grotesque, risible et digne des pires questionnements existentiels les plus futiles de quelques bobos insipides. Ceci encore n’est qu’un détail. Comment croire tout simplement que Maggie Cheung soit cette ex compagne de rock star junkie ? Pas facile, peu crédible, mais encore une fois ceci n’est pas la bonne question. Et la crédibilité au cinéma on s’en balance. Que Maggie déboule dans ce monde qui ne lui ressemble pas, ne lui va pas, dans lequel elle paraît complètement étrangère (mais après tout, elle est sans domicile fixe), dans lequel elle ressemble à une pièce rapportée au sein d’une œuvre beaucoup trop consciente de ses moyens, pourrait encore passer, à la limite. Maggie est belle, rien que pour son visage, pour sa présence photogénique, on peut avoir envie d’y croire. Même si on serait tenté de dire que Maggie c’est d’abord ce visage, et non pas une actrice, donc surtout une plastique, un peu comme Tony Leung, et que c’est justement cette apparence qui lui donne tout son glamour, crée sa présence, et que ça Assayas ne l’a pas compris, encore une fois se serait pas faire le meilleur procès au film.
L’un des points les plus gênant avec Clean c’est sa retenu et son ambivalence. Clean est un film qui n’ose pas, un film trop pudique. Une œuvre qui ne tolère pas le dérèglement (contrairement au rock, bizarrement). Tout dans Clean doit suivre cette trajectoire, propre à Maggie, entre rédemption et parcours de survie vers une nouvelle vie. Ainsi le film compile les moments, entre hésitation, chute, renoncements, remise en question, perte de confiance, foi, assombrissement et éclaircissement. Assayas film son sujet, son scénario est simple, limpide, mais impeccable. Il suit son récit et passe d’un pays et d’une scène à l’autre, de la galère, la drogue, les petits boulots, jusqu’à que son héroïne commence à voir un peu la lumière. Les moments s’enchaînent et à eux-seuls, pour ce qu’ils doivent être, sont censé justifier tout. La caméra, l’image, la mise en scène le montage par contre tolère beaucoup moins ce que l’ont n’est censé voir. Assayas ne supporte pas les larmes, chez lui on ne pleure pas, ou alors au détour d’un plan, que l’on coupe très vite. Les larmes, la peine, un peu de pathos, c’est trop exhibitionnisme. Assayas préfère tout couper. Certes Maggie encaisse les coups, ne fléchit pas ou peu, c’est un bloc brisé de l’intérieur qui doit se reconstituer. Ça Assayas le sait et c’est ce qui le justifie de faire un mélo régler, un mélo qui veut pas des larmes, un mélo qui se sait, se retient.
Film rock dit-on ? Sur ou rock ? Il faudrait savoir. Clean n’est ni l’un ni l’autre, il est bien trop respectable et si peu musical au fond, malgré l’alchimie qu’il tente de créer avec ses savantes captations d’images volées, décadrées, zoom excessif et compulsif d’une mise en scène en transe. Sauf que l’esthétique d’Assayas ne choisi pas. Entre le mythe et la démystification du rock, entre le cinéma et le « documentaire », Assayas ne sait pas comment faire. Toujours partager entre viser juste, faire de l’image vraie, qui puisse justifier de l’authenticité, à partir d’un souci de réalisme des situations, de leur mise en scène, et son drame, voir cette volonté marquée de mélodrame, de pur cinéma, Assayas hésite. Il hésite et son film déraille. Incapable de se décider entre l’histoire émouvante, juste, sensible, filmé avec pudeur et empathie de Nick Nolte et celle de Maggie. Entre l’histoire d’un père, homme bon, juste, compréhensif, partagé entre l’âge, l’amour pour sa femme, le deuil de son fils, la timidité envers son petit-fils, qu’Assayas cerne avec une précision étonnante, et celle d’une femme qui doit se reconstruire on aurait tendance à préférer la première histoire. Dommage, Assayas film surtout la seconde. Hésitation toujours. Entre faire, dire vrai et filmer cinéma, montrer du faux et assumer le simulacre. Aller au fond des choses, des cris, des larmes, laisser un peu de temps, de respiration, faire de l’image pour pleurer, susciter du pathos là Assayas hésite encore. Sortir les violons c’est pas trop son genre, du Brian Eno ça quand même plus de gueule, on peut pas vraiment dire le contraire, mais quand même. Maggie n’a peut-être pas le temps pour elle, elle doit courir, lutter, mais ce combat, au fond, devient très sujet de société tant Assayas en fait si peu de chose. Tant il se fait psychologue, déliant tout à coup de dialogue pas toujours très heureux, de situation caricaturale (junkie en O.D, ex lesbienne…). Quand ces mêmes situations, là où Assayas cherche pourtant la justesse, ne sont pas à côté de la plaque. Etre junkie et s’en sortir est un parcours beaucoup plus long, dur, fait de douleurs, de paranoïa, de coup bas, et de dégoût bien plus saignant que ce qu’Assayas en fait. Mais Clean n’est pas un film sur la drogue, et tant mieux. Assayas n’a pas cette prétention, ce n’est pas son sujet, mais…quand même. Cette volonté permanente du vrai, avec ses tourbillons de caméras portées, ces lieux plus vrai que nature, ces situations « vécus » font de Clean un objet constamment obséder par un souci de réalisme alors qu’au fond ça n’a pas d’importance, qu’à la limite il s’en moque et du coup il est en plein paradoxe. Ainsi le film flotte, il reste à la superficie, il est d’un propreté impeccable, il est « clean ». Rock clean, intérieur clean, déchéance clean, mélo clean, mort clean, tout est « clean ».
Le rock est mort paraît-il, c’est vrai, Clean le montre bien. La révolte n’est plus qu’une question d’image, de publicité, il n’y a plus rien à attendre. Les Sonic Youth, que le cinéaste aime, et il a bien raison, sont eux-mêmes désormais tranquillement planqué dans leurs 3 ou 4 pièces de Manhattan, ils se font plaisir, font de la musique, joue un peu moins fort, un peu moins expérimental. Ils ont toujours fait partie de l’underground new yorkais, qui n’a jamais vraiment rien eu à défendre, ils étaient déjà d’après toutes les révolutions, mais ils avaient quand même la musique pour se définir. Maintenant ils bricolent toujours avec talent de nouveau albums, le son et toujours là, mais la jeunesse sonique à disparue. Ils bricolent, comme Assayas dans Clean un esthétique. Ce pourrait être celle-là ou une autre, après tout ça n’a pas d’importance, c’est juste une histoire de définition, et au mieux un vague bidule socioculturel, vraiment au plus. Avec Clean Assayas fait la même chose, il ne filme aucun état des lieux réel du rock, on donne bien quelques détails, laisse transparaître quelques noms sortie du tiroir pour créer l’illusion, mais au fond, pas grand chose à voir. Encore moins à vivre, un peu à entendre, forcément c’est plus simple. S’il restait un peu de rock, une quelconque nostalgie, un moindre stimulus foncier, celui qui poussait dans ces états d’excès ultra romantique ou violent, le film aurait peut-être vraiment su montrer la douleur, la sensation de perte, le deuil et l’amour. Il aurait fait de sa musique une réelle pulsation, le métronome de cette femme, la musique aurait été son cri, même intérieur, même muet, même aux bords mais jamais en larmes. Mais non, Assayas résiste, il demande à Gautier une photo irréprochable genre pochette Sonic Youth qui ne change pas de tonalité selon les pays (étrange), il cherche la sensibilité partout, dans le moindre grain de l’image, le plus petits gestes qu’une caméra à fleur de peau traque, bref il fait de l’image. Comme Vincent Gallo, dans Clean ce qui compte réside plus dans un habillage, une synthèse esthétique, somme d’influences multiples et variées, digérées, que dans un cinéma plutôt classique ou même moderne. Pourtant, le paradoxe c’est qu’Assayas ne cesse avec Clean de vouloir trouver cette verve classique dans sa dramaturgie. L’alchimie prend mal.
Clean est un film à la distance constante. Assayas y filme Maggie pour la performance, autre quête de respectabilité dont elle n’a pourtant pas besoin (comme si ses prestations à HK, même dans les pires navets était forcément moins bien que le petit film d’auteur français, comme quoi les préjugés ça va loin, ça dépasse les frontières). La plongée dans l’univers du rock n’arrive jamais, ne dit rien, n’est jamais mis en scène. Clean à beau savoir comment saisir les espaces traversés par Maggie comme autant de toile de fond dans lesquelles elle ne se fige jamais, il reste un objet beaucoup trop responsable et conscient de ses moindres détails. Moins conscient dans ses effets que dans son regard, beaucoup trop précieux et maniéré pour arriver à saisir l’ampleur dramatique du parcours de son personnage.
Cette maggie .....
Je ne vais pas trop épiloger sur l histoire puisque d autres l on deja fait .... on va encore dire qu a chaque fois que je critique c'est en bien mais bon ... Encore une fois je m emerveille devant le jeu de maggie chueng .... Moi qui ete habituer a la voire plutot dans la baston ca m en a foutu un coup ... Un film reelement touchant dont on ne peu sortir inchangé...... je me suis deja procuré la BO encore bravo
Instants volés
"Clean" est le film de la consécration du travail d'acteur de Maggie Cheung. Pourtant elle pourra mieux faire. Faute en est - en partie - le rôle que lui a écrit Olivier Assayas sur mésure.
Si les talents de Cheung sont bien réels (bien que moindre que ceux - déjà largement confirmés - de Nick Nolte, impeccable dans son rôle), c'est avant tout toute la partie "française" qui pêche. Ne maîtrisant certainement pas tout à fait notre chère langue, Cheung semble très appliquée à énoncer son texte de manière impeccable, mais sans la bonne prononciation nécessaire. Sa composition en pâtit en grande partie.
D'autre part, l'écriture du film n'est pas à la hauteur de son personnage. Trop long, trop brouillon, il aurait mérité d'être raccourci de quelques scènes (découverte du cadavre à Paris; toute la partie avec Sandrine et Irène) et de se renforcer autour du seul personnage de Maggie.
Gêne également le parti pris d'Assayas : si l'utilisation d'une caméra sur épaule s'agitant sans cesse dans tous les sens trouve toute sa justification dans la première partie du film, peut-être même encore par la suite en ce qui concerne le personnage d'Emily/Maggie, elle n'est pas du tout justifiée pour la mise en scène des grands-parents ou autres personnages, pôles "stables".
Enfin, si Assayas fait preuve d'une grande sensibilité, il ne peut empêcher de tomber dans quelque représentation clichéesque (le gamin "sur-doué" et ultra-compréhensif).
Reste, qu'Assayas revient à un cinéma qui lui est bien plus propre et personnel; en ésperant que le film se fasse le tremplin pour une carrière de Cheung autrement plus riche que ces rôles hong-kongais !!!
?
Clean où l'histoire d'une redemption, celle d'une femme Emily, qui après avoir renoncer à tout, et tout perdu, pour la drogue, cherche à se reconstruire et à reprendre sa vie en main . Une hisoire simple mais la composition de Maggie Cheung est tout simplement époustouflante ; touchante et juste elle fait passer moult emotions et montre tout l'étendue de son talent ; les autres acteurs sont tout aussi bons . A voir .
01 septembre 2004
par
X27
Victoire
Le dernier plan de Clean est magnifique. Des plans de fin du même genre que celui de Clean, on en a pourtant vu 1000 fois déjà, mais ça marche encore.
Parce qu’après 1h50 de film, c’est-à-dire de coups durs, de trahisons, de travail harassant, de faux espoirs, de blessures, de sacrifices, de renoncements et de remises en question… une seule chose est sûre : Maggie Cheung l’a mérité ce plan de fin chargé de son vécu, cette première respiration dans un récit âpre et bouleversant, ce nouveau départ, cette ouverture au monde enfin apaisé.
Clean, à l’instar de Kill Bill, rappelle une chose toute simple : un happy end, ça se mérite, et ça se gagne. Ça tombe bien, c’étaient les deux plus beaux films de Cannes cette année.