Très joli, très bien joué, assez bien foutu, pas écrit.
Alors c'est l'histoire de Kotaro (Masatoshi Nagase, excellent de retenue), un astronome qui ne parle pas, mais qui en revanche rencontre Chloé (Rie Tomasaka, magnifique mais peu mise en valeur), une fille qui fait des choses à Tokyo. Assez solitaire (ses deux amis sont fous), il va en devenir tellement accro qu'en trois jours l'affaire est consommée, et le mariage avec (ainsi que la lune de miel dans le nouvel appart qu'il a payé avec ses économies qu'il gardait pour quand il la rencontrerait, car Kotaro est un homme solitaire). Mais voilà: au fil des jours, Kotaro va vite réaliser que cette fille n'est pas au dessus de tout soupçon car 1) elle aime faire la lessive et 2) elle est atteinte d'un mal incurable la destinant à crever dans d'abominables souffrances. Ajoutons à ça le fait qu'il se fait virer de son job pour ne pas avoir rammené à son école un gamin qui passait dans son centre (le Japon...), avec en bonus son monde qui s'effondre autour de lui, et on obtient un film bô.
Comme disait Hitchcock, "il n'y a pas de mauvais sujet", en effet il n'y a que des mauvais scénaristes. Scénaristes et réalisateurs. Auteurs, en clair. Car ce film a de jolis avantages: une brochette d'acteurs intéressants (dont Aoyama et Tsukamoto dans des rôles considérables!), une très jolie photographie (sauf dans l'appartement où c'est un peu trop "faux"), une caméra par moment opérant des mouvements discrets et paradoxalement majeurs figurant une sorte de proximité, des scènes (surtout dans le première partie) au charme décalé; mais tout ça ne sauve rien à deux faits évidents:
- Le scénariste s'est totalement paumé entre le trop-plein de choses à dire et le pas-assez de scènes intéressantes à montrer (l'allégorie du con bavard?), si bien que d'un côté, si ses dialogues sont souvent très sympas et sa première partie plaisante (jusqu'aux fleurs), de l'autre, la seconde partie est plombée violemment par des scènes chiantes et des pistes inutiles. On fait de la critique sociale-cliché sans en aller au bout, on fait de la métaphore de l'amour (en l'objet de la "fleur" poussant dans les poumons de Chloé) sans développer au-delà, rien n'est abouti, rien n'est ordonné, et la photo, prise dans une unité, n'arrange rien à cette impression de bordel pseudo-poétique.
-Et pour couronner le tout, Riju Go, s'il sait filmer ses scènes indépendament du reste, est absolument infoutu de donner du rythme au matériau limité de cette seconde partie, décevante en beaucoup de points, mis à part une mémorable scène de bar où Tsukamoto pète un câble sur la jolie partition de Konno Tomoko.
***SPOILER*** tout est tellement mal ammené (pas mal foutu car tout reste très joli jusqu'à la fin) que lorsque Eisuke meurt, on s'en tape, idem pour la jolie Chloé; le final est juste sauvé par le dernier plan sur Kotaro en larme, seule chose renouant avec l'atmosphère originale et chaleureuse de la première partie.
Donc au final, un film mignon et gauche, en définitive raté, mais porté tant bien que mal par le charme évident de son actrice principale et le talent forcené de son casting. Quand on m'expliquera pourquoi le cinéma japonais s'escrime donc à faire obligatoirement long même lorsqu'il n'a rien à raconter, je trouverai peut-être alors le chemin de la lumière; pour l'instant c'est une énigme.
pas le poids
En lui même le film est plus qu'honnête.
Mais qu'il vous vienne à l'idée de le comparer avec
L'Ecume des jours dont il est adapté et... ouais, bon, on s'est compris.
06 février 2009
par
Epikt
