No pain, no gain.
Chinatown kid est le premier film qui réunit
les Venoms au complet et en rôles principaux. Chinatown kid est aussi le seul film où les Venoms se concentrent plus sur leur jeu que sur les combats. Chinatown kid est encore le seul
Chang Cheh qui prend place à San Francisco dans les années 70's ! Autant dire que Chinatown kid est déjà très original comparé à la floppée de kung fu shaolin interpétée par les 5 Venoms.
L'histoire a donc plus ou moins d'échos avec Boxer from Shantung, le contexte San Francisco 70's en plus, sans approcher l'ampleur du "monument" de Chang Cheh. Fu Sheng incarne le petit impulsif assez soupe au lait sorti du quartier le plus pauvre de Hong Kong. Très doué pour la baston, il est pris à parti par Wang Lung Wei, LE bad guy de la Shaw, ce qui l'oblige à quitter la ville avec son oncle pour atterrir seul et démuni à San francisco. En parallèle, un jeune étudiant timide et travailleur qui vient de terminer son service militaire, Sun Chien, part lui aussi à San Francisco pour entreprendre des études dans une grande école américaine, soutenu par sa famille, un personnage plutôt inédit dans les films de Chang Cheh. Leur destin vont se croiser dans un petit restaurant de Chinatown où ils se retrouvent associés pour faire la plonge et la cuisine. Alors que Fu Sheng bascule irrémédiablement vers l'argent facile, Sun Chien persévère dans ses études et continue la plonge jusqu'à désespérer de s'en sortir. Lorsqu'ils se recroisent à nouveau plus tard, leur vies sont radicalement opposées malgré leurs racines communes, mais Sun Chien saura rappeler à Fu Sheng que l'argent qu'il amasse n'a rien de glorieux.
A la différence de "Boxer...", Chang Cheh insiste avec raison sur le personnage de Sun Chien, étudiant honnête qui joue le parfait camarade moral de Fu Sheng (rôle qui se rapproche de celui de Cheng Hong Yip dans Boxer from Shantung). Un rôle assez sensible très bien interprété par Sun Chien, qui fait regretter sa trop courte carrière dans des rôles bien moins composés. Mention aussi pourLo Meng qui interprète un caïd, assez soupe au lait pour changer, avec une panoplie de mimiques faciales dont il a le secret. C'est à regretter qu'il n'est pas joué plus souvent le méchant. Kuo Chui quant à lui a simplement la classe en caïd plus malin que son adversaire. Sa carrière est aussi la plus glorieuse de l'équipe des Venoms. Chiang Cheng et Lu Feng jouent les bras droits de Lo Meng en compagnie de Dick Wei, de très petits rôles.
Fu Sheng quant à lui, s'en sort à merveille dans un rôle qui reflète parfaitement son audace, son énergie et sa naïveté. A l'image de Chen Kuan Tai dans Boxer from Shantung, ses objectifs sont ultra matérialistes : porter un beau costume, une belle montre digitale, un cigare au bec et des billets plein les poches. Il reste un personnage attachant et innocent qui ne se rend pas compte du vice à l'origine de sa fortune acquise sans effort.
Les rivalités entre les clans sont locales et la police de San Francisco ne s'aventure peu ou pas dans les ruelles de Chinatown. Les chinois vivent en vase clos sous la menace des caïds locaux. Le tournage, principalement dans les studios de la Shaw souligne encore cet aspect, l'étroitesse de ce petit monde. Les combats sont secondaires et pourtant réussis, mélange de kung fu et de combats de rue. Il faut dire que les Venoms, Fu Sheng, Wang Lung Wei, Dick Wei, Yang Chung et même Robert Tai (lors d'un petit caméo) forment une sacrée clique martiale.
Au final, s'éloignant pas mal de la puissance dramatique, le talent de mise en scène de la période Boxer from Shantung et s'engouffrant vers l'efficacité dans l'urgence des futurs films de Chang Cheh avec les Venoms et un manque de relief certain, Chinatown kid se démarque notamment par son ambiance pattes d'ef et cols pelle à tarte (on a même droit à de la ziq groovy baby) et des Venoms débutants qui ne seront jamais aussi bons dans leur jeu. Un bon petit conte des banlieues pas très original mais plein de vigueur et d'enthousiasme à réserver en priorité aux amoureux des Venoms et aux fans de films de mafia.
Le film se termine sur une belle image d'enfants qui vont à l'école. Comme quoi les études, c'est mieux que l'argent facile... Une fin très morale et très éloignée des Chang Cheh habituels qui finissent le plus souvent sur un massacre. Mais justement parlons-en.
PRÉCISIONS ET SPOILER
Avec l'aide précieuse et express de nitram.
Comme le précise Lo sam pao, Chinatown kid version celestial est amputé de presque une demi heure au total ce qui se ressent tout de même largement au niveau de l'intensité. Ces cuts sauvages sont d'ailleurs visibles à 3 ou 4 reprises. Malgré tout, la cohérence est à peu près maintenue (je le maintiens) puisque le final reste le même hors mis la jolie scène des enfants. Mais l'idée est fort dommageable. En effet, beaucoup de scènes sont carrément zappées. En fait, des deux versions qui sont sorties de Chinatown kid, aucune n'est complète.
La version internationale sortie en premier lieu insiste sur l'action et coupe une ou deux scènes comme celle où Fu Sheng parle à Jenny Tsang (son épouse hors écran) dans le lavomatic... Pas vraiment capital. En outre, le final ne propose pas les gentils nenfants mais s'arrête directement sur le combat entre la bande de Kuo Chui contre Fu Sheng et Sun Chien, une fin violente à l'image des Chang Cheh.
Pour ce qui est de la version celestial (celle que j'ai vu), les trous sont bien plus importants encore. deux ou trois combats sont raccourcis et plusieurs scènes sont carrément zappées :
Au départ à Hong Kong :
- Fu Sheng se fâche en fait avec Wang Lung Wei pour une histoire de prostituée interprétée par Kara Hui que Fu Sheng protège. Aucun signe de cette scène ni de Kara Hui dans la version celestial.
- Fu Sheng se venge de Wang Lung Wei et sa bande qui ont cassé les lunettes de son grand père.
A San Francisco :
- Un combat entre les deux bandes rivales, Lo Meng (les green dragon) et Kuo Chui (les white dragon).
- Une autre friction entre Lo Meng et Kuo Chui elle aussi absente et quelques coups de feu qui s'en suivent.
- Une autre scène avec le tueur partenaire de Kuo Chui qui n'existe pas ici. Et par conséquent, une autre scène de baston entre Fu Sheng et ce tueur.
- Dernière différence, le final avec les enfants.
Il ne faut donc pas s'étonner que l'action soit passé au second plan dans cette version raccourcie... Très dommage.
les venons et fu sheng période "saturday night ferver"
john travolta et les bee Gees et le plateau aurait été complet, il faut si faire , les pattes d'ef, le noeud des cravates, la coupe de cheveux, mais le résultat est plus que satisfaisant . fu sheng se fait manipuler (comme dans les disciples de shaolin) mais on est loin d'atteindre le niveau de ce film. néanmoins chinatown kid est un bon divertissement.
Frictions à San Francisco
Tout d'abord, faisons le point sur la durée du film. Le DVD celestial dure 86 minutes, on est bien loin des 115 minutes originelles du film (si vous me prenez pour un fou, vérifiez sur imdb). Je me souviens avoir vu ce film en version anglaise avec un doublage exécrable, un full screen (pan&scan) honteux mais en version uncut.
On remarque d'ailleurs souvent sur la version celestial des coupures maladroites qui tombent justement sur ses scènes manquantes.
Ma note est donc une combinaison du visionnage de la version uncut (au scénario plus développé et aux combats beacoup plus longs) et de la version celestial (qualité d'image irréprochable et widescreen).
That '70s show!!
Chinatown Kid est la dernière bonne réussite au tableau de chasse (déjà très fourni) de l'ogre Chang Cheh.
Ce film aurait pû s'intituler
"les disciples de San Francisco" ou encore
"Boxer from Hong-Kong" tellement la trame de l'intrigue est proche de celle des grands classiques de Chang Cheh.
Il s'agit de l'ascension et de la chute sociale (
from rags to riches story) d'un jeune provincial (Fu Sheng) naif et juste mais également provocateur et confiant, qui après s'être crée des ennuis à Taiwan doit se rendre clandestinement au pays de l'oncle Sam. Arrivé à San Francisco (la ville comportant la plus grande communauté chinoise des Etats-Unis), il se lie d'amitié avec un étudiant Taiwanais (Chien Sun) et malgré ses efforts fini de nouveau par s'attirer des ennuis avec les gangs locaux...
L'interêt ici (par rapport à
boxer from Shantung et
Les disciples de shaolin), c'est la transposition dans un contexte moderne de diffucultés qui après tout sont toujours les mêmes. De surcroit, il y a une description simple et humaine de la condition des immigrés chinois montrant à quel point la dispora chinoise se fonde sur les relations familiales/régionales, le travail et le système D.
Bonne idée également, que de mettre en parallèle les destins et les aspirations des personnages de Fu Sheng et Chien Sun.
L'ambiance seventies est à son paroxysme (jeans patte 'd'ef', talons compensés, cheveux longs) et bien que le film ai été tourné en majeur parti en studio à Hong-Kong (quelques inserts de San Francisco avec ou sans les acteurs venant ponctuer néanmoins le film) la mise en scène efficace fait assez vite oublier une reconstitution bonne mais perfectible au niveau visuel.
Comparé à un
Rumble in the Bronx très moyennement convaincant dans ses aspects sociaux/culturels et sa vision très stéréotypée, voire maladroite de l'occident,
Chinatown Kid est beaucoup plus réussi (le film date de 1977!) car il évite justement de trop s'attarder sur l'occident puisque dans chinatown les chinois d'outre-mer restent entre eux et règlent leurs affaires entre eux (ce qui retranscrit bien la mentalité chinoise et le système de ghéttoïsation américain).
Un seul vrai reproche à ce niveau, la rolls-royce fallait la conduire sur le côté droit et pas le gauche (car on roule à droite aux USA mais pas à HK...).
Comme très souvent, Fu Sheng interprète avec justesse son personnage Tang Dong, proche de celui qu'il tenait déjà dans
Les disciples de Shaolin, sa gestuelle s'affine et ses mimique sont plus nuancés. Dans les combats, il est très à l'aise et efficace, comme d'habitude j'ai envie d'ajouter.
Les 5 futurs
venoms ne sont pas en reste et offrent des prestations dramatiques et surtout martiales de très bon niveau.
Les combats de rues sont bien chorégraphiés et exécutés filmé dans le pur style Chang Cheh (filages, caméra à l'épaule) qui augmente souvent les impacts et l'intensité.
Chien Sun est sans doute la révélation dramatique du film (le
scorpion vénom), puisqu'il interprète avec force et sincérité un étudiant qui jongle difficilement entre ses études, ses ambitions et son travail dans un restaurant qui l'aide à survivre.
A noter que Jenny Tseng, qui interprète Yvonne, était la femme de Fu Sheng (et ce jusqu'à sa disparition tragique et précipitée) et qu'elle est attachante dans son rôle avec sa fameuse réplique "les saucisses de chiens? Ahh mais ce sont des Hot Dogs!".
Pour les amateurs, remarquez le caméo de Dick Wei.
Enfin si jamais vous ne saviez pas presser des oranges, vous trouverez la solution dans ce film.
Chinatown Kid est donc un très bon film de 'Kung-Fu contemporain' (fait assez rare pour être signalé à l'époque) et tout simplement un bon film au scénario solide, aux interprètes aussi efficace dramatiquement que martialement, à la réalisation fluide et efficace.
Un renouvellement moindre et une ou deux petites maladresses sont les seuls ombres au tableau de ce classique PoP.