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La chauve-souris cramoisie

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1 critiques: 3.5/5

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Yann K 3.5 Une demi-heure de style visionnaire, le reste sans intérêt
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Une demi-heure de style visionnaire, le reste sans intérêt

Pendant le premier quart d’heure on se pince pour être sûr qu’on ne rêve pas. Le premier combat entre deux bandes rivales, c’est du Tsui Hark abstrait, du John Woo sans bruit, un délire de style qu’on ne pensait pas faisable à l’époque (il y a 70 ans). La caméra gigote, virevolte, cadre de travers, des images sont floues, le montage s’emballe, on a l’impression que ça a été tourné bourré et monté en découvrant les possibilités de la table de montage, dans une innocence charmante face à ce nouvel outil. Puis tout d’un coup, les deux bandes se balancent des chaises, des portes, des roues de charrettes à la tête. Bientôt, le réalisateur, complètement scotché, ne filme plus que les roues qui volent. Une passe de gauche à droite, une de droite à gauche, et encore, et re belote, woooww, une roue, c’est de l’abstraction totale, que ceux qui disent que le cinéma muet est chiant et plan-plan se rhabillent. A la fin, les deux équipes sont ensevelies sous les portes et roues. L’hallu. Pourvu que ça dure.

Malheureusement, et de façon tout aussi radicale, non, le film qui ensuit ce combat d’anthologie est ennuyeux, plombé par des intertitres longs et souvent inutiles. Il semble avoir la gueule de bois après cette fête inaugurale. D’ailleurs, l’acteur ne fait que vociférer et s’énerver, en sur-jeu total, comme un bourré. On ne comprend pas grand chose à l’histoire, mais on accroche un peu à chaque scène de combat, parce que ça recommence à gigoter, et on espère secrètement que le film va s’emballer de nouveau, qu’il va se souvenir de son début tonitruant. Enfin, une autre scène nous sidère, pour un muet : un personnage, accroupi sur un autre allongé, lui tape la tête contre le sol. Alors la caméra fait le yo-yo de bas en haut, suivant le mouvement général.

Puis une dernière bataille dans une auberge, bien mouvementée elle aussi (avec un travelling qui transperce les cloisons comme dans un wu xia pian des sixities) nous indique que tous les codes du genre étaient placés dès le muet. Et la dernière scène nous offre un ultime pétage de plombs du caméraman. La caméra monte des étages, tourne sur elle même, filme d’en haut en plongée totale, puis ça se calme, le temps que le héros aille se réfugier au premier étage. Il passe sa tête par le plafond et nargue le groupe en bas. Alors la caméra fait une bonne dizaine de fois un pano hyper rapide entre le haut et le bas. Fin du premier épisode d’une longue série de films populaires avec un héros récurrent, façon Baby Cart. On a pas tout compris, on a peu somnolé au milieu, mais quelque part, on se dit que Tsui Hark avait peut être aussi vu ce film les yeux écarquillés et qu’on a peut être vu passer un OVNI dont une demi-heure a bien 50 ans d’avance sur tout le monde.



31 juillet 2002
par Yann K


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