Dommage.
Hideko Ota (MORISAKI Megumi) s’est mariée avec Dai Katsuki (MIZUKAMI Ryushi) car ce dernier lui a promis de n’avoir aucune relation sexuelle avec elle et qu’il ne poserait jamais de question sur sa vie ou ses activités. La journée elle travaille dans une librairie et le soir elle devient Charon, une prostituée protégé par le yakuza Michio Jigen (KAWAMOTO Jun).
Dans ses notes d’intention le réalisateur Gen Takahashi souhaitait faire un film universel sur l’amour, au final il aura accouché d’un film universellement ennuyant. Le pitch de départ était pourtant attrayant, il aurait pu donner un excellent film glauque et malsain s’il avait été traité de manière plus sombre, plus psychotique comme l’a fait KON Satoshi dans son excellent épisode 3 de son non moins excellente série Paranoïa Agent.
Dans Charon tout est plat : la mise en scène (trop) soft, les acteurs sont non charismatiques, le monde de la prostitution paraît être un petit microcosme tranquille et les scènes de tension ne sont pas sous tension. Malgré tout ces défauts le film se laisse suivre car on est intrigué par les tournures que les évènements vont prendre, on s’étonne même à trouver certains passages beaux et agréables malheureusement ces moments sont trop peu nombreux pour que Charon emporte l’adhésion.
TAKAHASHI Gen aurait dû plus se concentrer sur son univers et certains de ses personnages plutôt que sur le look de ses acteurs car son film ne fait jamais vibrer. Dommage.
Nouvelle nouvelle vague
Le réalisateur Takahashi Gen, à l'allure un peu mafieuse, l’avoue lui-même : avec Charon, le premier film de sa nouvelle boîte de production, il voulait renouer avec la nouvelle vague française des années 60, avec sa fraîcheur et sa spontanéité. A l’écran, cette volonté se retrouve dans le style « caméra à l’épaule » et l’intrigue très contemporaine où une jeune femme mène une double vie, accomplissant chaque jour le grand écart entre femme au foyer très peu portée sur la chose et call-girl de luxe encadrée par 2 proxénètes. Mais l’intérêt de Charon réside principalement dans cette bonne idée de départ qui a bien du mal à se développer sur la durée, d’autant que les personnages secondaires sont inconsistants. On a alors droit à un pensum métaphysique assez lourdingue sur le sens de la vie, illustré par le prénom Charon dont l’origine, à savoir la planète jumelle et cachée de Pluton, nous est rabâchée jusqu’à l’overdose. Au final, un petit film limité qui vaut surtout pour l’interprétation de son actrice principale.