The Anonymous Heroes

Ordell Robbie

2.25

Morts Anonymes

Morts Anonymes

Chang Cheh a beaucoup, beaucoup tourné et on se doutait bien qu'il devait y avoir quelques films plus mineurs du cinéaste à découvrir. Parce que meme si on fait abstraction du peu de présence des fameux thèmes du cinéaste (amitié, honneur, fidélité) et de l'absence de traitement politique du sujet, Anonymous Heroes n'est meme pas abouti en tant que simple divertissement. Déjà, il souffre d'une première partie bien trop longue que l'on pourrait voir dans n'importe quel divertissement du dimanche soir ayant pour cadre la guerre en particulier vu son humour très moyen. Chang Cheh abandonne ici toute vélléité de dramatisation mais du coup David Chiang et Ti Lung, meme s'ils sont loin de mal jouer, sont bien moins convaincants que dans d'autres opus du maestro. Les personnages sont plus cyniques que dans les autres films du cinéaste. Restent seulement la légendaire misogynie du cinéaste ainsi que la démesure de quelques combats pour passer le temps. La seconde partie, bien plus axée sur l'action, est plus convaincante avec son attaque de train au souffle de western, son combat martial démentiel et surtout une fusillade finale filmé de façon brouillonne et mélant flinguages et arts martiaux faisant le lien entre le cinéma de Chang Cheh et celui de Peckinpah. Mais meme si cette fusillade est bien exécutée, elle n'exploite pas le thème du survivant qui n'en finit pas de mourir: certes, cela provient du caractère des personnages mais du coup on y perd un peu de la singularité de l'univers de Chang Cheh et accessoirement du plaisir de spectateur. Quant aux ricanements de David Chiang, ils trouvent moins leur place dans une scène d'arrestation plutot ludique avec son jeu offrant au détenu une possibilité de libération que dans l'univers baroque habituel du cinéaste. Quant à la mise en scène, elle ressemble à du service minimum Chang Cheh: quelques coups de zooms, de l'ampleur dans les combats mais assez quelconque le reste du temps et loin des fulgurances habituelles du cinéaste. Ce qui aurait pu etre un bon film d'aventures finit par devenir un film très inégal où l'on espère le prochain combat histoire d'etre tiré de sa torpeur. Bref, quand on lit que le film fut un énorme succès au box office hongkongais de l'époque, on se dit que le public hongkongais n'avait pas attendu la fin de l'age d'or de son cinéma pour faire un triomphe à des films loin d'etre artistiquement au-dessus du lot.

Ceux qui connaissent déjà bien les oeuvres majeures du cinéaste peuvent jeter un coup d'oeil à Anonymous Heroes. Les autres seront bien plus inspirés de gouter d'abord à la puissance mélodramatique de la Rage du Tigre et Boxer from Shantung ou au souffle romanesque d'un Blood Brothers.

visiteur	note
Manolo	3
Bastian Meiresonne	3
Francky	3
Jennifer	5
Phildu62	2.75
TsimShaTsui	3.5

Odd couple

Très alléchant par sa bande-annonce présente sur bon nombre d'autres éditions de la Celestial, le film est loin de tenir toutes ses promesses (et desservie par une édition thaï à la codification d'image douteuse et des sous-titres en retard sur l'action à l'écran). Cheh ne semble pas avoir mis toute l'énergie nécessaire à la réalisation de son film et les premières dix minutes sont franchement réalisées à la va-vite (cadres floutés, looooooong plan ne servant absolument à rien de David Chiang se promenant sur une route de campagne, ...). Si le brouillage des répères quant à la nature des personnages principaux (bien ou mal ?) est chose courante dans le cinéma de Cheh, le réalisateur aurait pu développer d'avantage le côté sympathique et pas très fortiche de ses personnages principaux : bagarreurs, voleurs, ils ont également la gâchette facile pour tuer des soldats, que l'on imagine "repressifs et méchants" (surtout à la fin du film), mais qui ne méritent peut-être pas de mourir d'un coup de revolver, alors qu'ils gîsent inconscients par terre (la scène de la réucperation des docuemnts nécessaires à la bonne transaction des fusils). Un côté plus pieds-nickelés aurait donné un côté plus attachant à la "grande vadrouille". L'homosexualité latente - dont Cheh s'est toujours défendu dans son oeuvre - est cette fois moins apparente : les personnages principaux sont moins idéalisés et moins filmés à leur avantage, leur complicité semble purement amicale et même si le personnage féminin est à l'écart du gros de l'action, elle est toujours présente et souvent au bras de Chiang - fait rare dans le cinéma de Cheh. L'intrigue est assez prévisible jusque dans son dénouement attendu, qui donne tout son sens au titre. A noter l'hilarante intégration des plans (furtifs) du déraillement du train, grandeur...maquette (bien visible). Pur film de divertissement sympathique, mais qui aurait pu être bien mieux et spéctaculaire avec un minimum d'efforts en plus !