Après deux magnifiques exécutions sur le couple (Flamme et femme) et l’amour passionnel (Passion ardente) en 1967, Yoshida Kiju persiste dans sa veine passionnelle et hystérique en passant au microscope les dérives sentimentales, charnelles ou platoniques de deux hommes centrés sur une femme (Yuriko, interprétée par Okada Mariko) qui ne sait décidément plus où elle en est au niveau de ses sentiments. D’un côté elle ne supporte plus Akira, son amant d’un temps et le seule encore capable de lui donner du plaisir au lit, et de l’autre elle ne peut laisser de côté la relation passionnelle qu’elle entretient avec Kazuo, un ami de longue date à qui elle tient particulièrement malgré le fait qu’il soit impuissant. Tous vont se retrouver cloîtrés dans un hôtel perdu en montagne, théâtre d’explications, d’humiliations ou encore de provocations.
A l’instar de ses précédentes réalisations, Yoshida Kiju fait preuve d’une maestria formelle éblouissante dans la composition de ses plans. Le placement des personnages au sein du cadre ou encore celui de la caméra souligne les émotions et états d’âmes de ces derniers. De même que la métaphore des conditions climatiques désastreuses (les tempêtes de neige) évoque avec justesse la grande nébuleuse sentimentale du trio amoureux. Rien de très original à l’horizon, mais ce qui peut sembler manquer de rondeurs au premier abord est finalement exécuté avec précision et à ces Amours dans la neige d’être d’une belle noirceur. Le film débute ainsi comme un mélodrame un peu lourd pendant une bonne moitié, avant de basculer dans une atmosphère quasi psychédélique au moment où Kazuo et Yuriko retrouvent l’amant de cette dernière, dansant sur du rock’n’roll avec d’étranges tentatrices dans un chalet situé on ne sait où. Tous les repères sont ainsi flous, pratiquement effacés, on bascule dans une espèce de folie palpable jusqu’à ce que les rôles soient inversés : Kazuo semble à présent capable de donner du plaisir à Yuriko tandis qu’Akira, psychologiquement atteint, en est maintenant incapable. Le sort de chacun se scellera en pleine tempête de neige dans un final d’une noire solitude.