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Une Femme Coreenne

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 3.25/5

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28 critiques: 3.2/5



Yann K 4 Sous le vernis du scandale, un film magnifique
Tenebres83 3.25
Ordell Robbie 2 Un pur vernis
Ghost Dog 3.75 Grinçant portrait intime
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Sous le vernis du scandale, un film magnifique

Le mari s'éclate...Qu'on ne s'y trompe pas : même si ce film est passé totalement inaperçu au festival de Venise 2003, qui l'avait accueilli en compétition, même si un parfum de scandale lui a apporté une renommée factice, le dernier Im Sang-soo est une divine surprise. On savait que ce réalisateur traitait de sujets sociaux sans préjugés, avec franchise, mais pas vraiment avec grand style. Pour ce troisième film, Im Sang-soo déploie une maestria formelle étonnante. Les cinq premières minutes ressemblent à un carambolage : les personnages se téléscopent, chutent, la caméra fait de grands panos montés les uns envers les autres, c'est déstabilisant mais on sent que le film dépasse déjà la chronique sociale annoncée pour exprimer autre chose. Donc : au début, c'est le bordel. Mais finalement, quelques minutes après, tout se met en place. Le mari travaille, boit puis baise, la femme s'occupe de l'enfant et boit parce qu'elle ne baise pas. Im Sang-soo montre sans fard les scène de sexe d'un côté, une scène de masturbation dans l'autre. Mine de rien, rarement la Corée, et même une vie de couple occidental, n'avait été montrée de façon aussi simple. Tout cela est montré comme tellement normal que ça en devient presque ennuyeux. Mais, dans la deuxième partie, commencent les emmerdes pour la famille et les moments de grâce pour le film.

... la femme aussi...Le basculement vers une explosion dévastatrice se fait par petites touches. Les scènes avec l'adolescent sont magistrales, déjà parce que les acteurs, notons le une bonne fois pour toutes, sont tous parfaits. Subtiles et drôles au début, ces rencontres iconoclastes deviennent de plus en plus douloureuses. Un long plan-séquence se termine (on ne dit pas pourquoi) par l'ado qui massacre une glace à coups de poing. La rage est là, on le savait et maintenant elle va contaminer tout le film. Le surgissement de la violence intervient dans une scène sidérante, qui rappelle Sympathy for mister vengeance, mais en plus glaçant, car vraiment inattendu et filmé comme si on avait descendu la poubelle. La réplique deviendra à coup sûr culte : "Dites, monsieur, vous n'allez pas me jeter en haut de l'immeuble, non?". Si. On en reste estomaqué pendant plusieurs minutes.

... mais pas tant que ça.On peut juger cette "scène-choc" gratuite. Elle est pourtant dans la logique du film : l'avocat croit maitriser la violence de la société coréenne, mais elle lui revient en pleine gueule. Car au lieu de "maitriser", il "méprisait". Im Sang-soo fait l'inverse. Il maitrise un drame de plus en plus poignant. Il allonge ses plans, éloigne la caméra, adapte son style au changement de ton. La femme pousse un long cri animal dans le désert. Elle refuse de parler quand l'homme la bat. Animal blessé, donc émouvant? Oui, mais aussi bête assoiffée de pouvoir, qui détient l'arme suprème : faire un enfant. La femme nous était sympathique pendant tout le film, disons un joli chat domestique, et l'homme n'était qu'un salaud, un coq fier. Mais le chat attaque le coq et le chat devient roi. La fin du film est une fable cruelle et complexe, miracle de finesse. De qui est cet enfant, on ne le saura pas ("C'est un miracle", disent les médecins). Dans un dernier plan, Im Sang-soo met à une dizaine de mètres l'un de l'autre la femme et l'homme, tous les deux au bord de la folie, elle, victorieuse, sans égards pour lui, enfin sa victime. Comment en est-on arrivé là? On a hâte de revoir le film pour comprendre.



16 septembre 2003
par Yann K




Un pur vernis

Mettons un instant de côté la "touche locale" qui pourrait brouiller la perception de A Good Lawyer’s Life. On a eu le temps de découvrir que le rapport frontal à la sexualité qui donne son odeur de soufre festivalier au cinéma d'auteur coréen était une caractéristique pas vraiment neuve de ce dernier. Point de rébellion ou de quelconque provocation derrière cela donc. Le film se suit également sans déplaisir grâce à son humour farçesque sur des situations extrêmes caractéristique du cinéma coréen actuel et fonctionnant assez bien.

Une fois tout ceci mis de côté, passons au film proprement dit. A Good Lawyer's Wife commence d'abord par souffrir d'une plaie récurrente du cinéma coréen actuel, le retard à l'allumage. La première moitié du film met en place progressivement les éléments porteurs du chaos qui explosera ensuite. Dans la première partie, les personnages croient pouvoir fermer les yeux sur les problèmes rongeant leur vie de couple ou de famille, problèmes qui leur exploseront en pleine figure dans la seconde partie. Sauf que cette première partie le fait au mépris d’un effort minimum de structure scénaristique cohérente. Le scénario passe en effet du coq à l’âne sans traiter un minimum les thèmes abordés: le couple modèle en situation de crise, le désir d'évasion du carcan et de la routine du couple, la masculinité vue sous un jour très noir et pas reluisant, la revendication par les femmes de la liberté de leurs désirs et de leur plaisir. A partir de la scène du "suicide", le film se met à créer une véritable surenchère dramatique jusqu'à la fin du film. Le film s'achève SPOILERS en ayant montré une inversion des rapports de force homme/femme. FIN SPOILERS Mais il se termine sans qu'Im Sang Soo ait tenu un minimum de discours cohérent ou porté de vrai regard sur tous les thèmes mentionnés. Du coup, tout ceci se met à sentir la manipulation aussi vaine que les twists de petits malins.

D'où un film qui à l'image de sa mise en scène n'est que pure surface. Im Sang Soo emploie un filmage très heurté caméra à l'épaule pour "secouer" le spectateur mais tout ceci ne dépasse pas le procédé jetable après usage. A ce procédé gadget s'ajoutent des penchants esthétisants constants dans la photographie et le travail sur le cadre. Les scènes de sexe sont ainsi filmées à coup de grands angles juste là pour faire du "joli" cadre tandis que le travail sur la lumière et la composition des plans ne sont là que pour faire du beau plan pour le beau plan. Moon So Ri est par contre comme souvent excellente mais elle ne peut compenser à elle seule les limites d'un projet de cinéma aussi clinquant que sa mise en scène.



19 mai 2004
par Ordell Robbie




Grinçant portrait intime

La cool-attitude de Im Sang-Soo sur la scène du festival de Deauville 2004 en dit long sur la personnalité et les intentions de ce jeune cinéaste : mâchouillant son chewing-gum en blouson de cuir, il interpelle avec un grand sourire le côté voyeur du spectateur sur les images sensuelles qu’il s’apprête à voir… Im Sang-Soo est un bon vivant, naturellement provocateur et désinvolte. Son film A good lawyer’s wife, lui, l’est également dans son portrait d’un couple de la classe moyenne en crise ; l’amour entre les 2 partenaires pourtant unis par un fils semble s’être envolé, laissant la porte grande ouverte aux aventures extra-conjugales plus ou moins sérieuses. Si la première partie est bavarde et joyeusement bordélique, la seconde se fait plus posée, plus douloureuse aussi, au détour d’une violente dispute lors d’une soirée cauchemardesque, ou d’une scène de sexe entre un ado et la femme de l’avocat quelques jours seulement après la mort de son fils.

Un parfum subversif et scandaleux entoure cette œuvre constamment sur le fil du rasoir, acerbe, et cultivant un humour noir qui ne plaira pas à tous. Im Sang-Soo capte avec talent la futilité de la vie et montre que rien n’a vraiment d’importance, si ce n’est le fait d’être en harmonie avec soi-même. Culotté, et justement récompensé du titre de meilleur film à Deauville.



17 mai 2004
par Ghost Dog


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