Kim Ki-duk, ses animaux maltraités, ses infirmes, ses fous et ses décors
Précisons qu’on a vu ce film en cassette, avec un son minable, pour partie en accéléré, parce qu’il est long et qu’on était pressé par le temps (vous savez, les festivals, les rendez-vous, les cocktails, c’est dur). Il se peut donc qu’on ait un jugement faussé. De toutes façons, il est évident qu’Address Unknown est un film passionnant, original, qui porte la marque désormais inimitable de Kim Ki-duk.
Contrairement à ce que L’île pouvait faire penser, la particularité de cet auteur coréen n’est pas la quasi absence de dialogues (enfin, en sachant que les coréens ne sont pas des tchatcheurs), puisque dans Address Unknown, on parle à peu près normalement. Par contre, comme dans L’île, mutilations et déviances sont légion : l’héroïne n’a qu’un œil valide, elle se fait lécher ce que vous pensez par un chien (sous la robe, dommage !) pendant qu’un homme la mate, d’ailleurs les hommes sont des obsédés sexuels (un numéro de Hustler circule) et les soldats américains sont des psychopathes en puissance se défoulant sur des chiens, lesquelles bêtes sont par la suite mangées, mais avant elles s’enculent allègrement. Le seul homme censé, un jeune soldat amoureux, est du coup un peu fade et est tué à la fin. Ceux qui ne finissent pas morts sont tout comme, tarés à vie.
Bienvenue chez Kim Ki-duk, un monde où les femmes sont traitées comme les poissons (L’île), ou comme les chiens (Address Unknown). Il semble d’ailleurs que ce sadisme envers les bêtes soit devenu célèbre en Corée (où L’île a été un beau succès), puisque le film commence avec un complice et gagesque : « Aucun animal n’a été blessé dans ce film ». Autre marque de fabrique, le choix des décors : entre une maison abandonnée au milieu d’un champ, un bus rouge en bordure d’un bois, ce même bois bien mystérieux et la maison de l’héroïne, dont on ne verra presque que la chambre, Kim Ki-duk confirme qu’il a l’art de placer ses martyrs dans des lieux où ils se sentent mal à l’aise, mais où sa caméra peut filmer des images puissantes. Des éclairs de poésie magnifique (mais dans une moindre mesure que dans L’île) illuminent le film. Ainsi le moment où l’amoureux transi met un œil découpé dans un magazine sur l’œil de verre de la femme, qui le garde ensuite comme un masque.
Address Unknown semble souffrir d’un trop grand nombre de personnages, d’une dramaturgie très éclatée, d’une grande ambition (être à la fois dans la psychanalyse, l’histoire de son pays, le documentaire et le conte moral) mal maîtrisée et d’une peinture des soldats américains trop caricaturale. Un peu plus de rigueur aurait pu donner un chef d’oeuvre, car le sujet de départ, l’occupation américaine, est très intriguant et trop rarement traité dans le cinéma coréen, de même que japonais. Seul exemple en tête : Soldats d’été, extraordinaire film japonais de 1972, de Hiroshi Teshigahara, réalisateur de l’OVNI La femme des sables, dont L’île est d’ailleurs proche. Ce n’est pas forcément un hasard. Ces deux petits pays, occupés par une grosse puissance étrangère (deux fois, en plus, pour la Corée), se sont alors senti assiégés, comme une femme seule sur une île menacée par des hommes à la virilité exacerbée.
La vie est une éternelle vengeance...
Tout a déjà été dit pour Adresse inconnue, simplement j'aimerais appuyer le fait que dans la majorité des films de Kim Ki-Duk et plus particulièrement dans celui-ci, le rapport cause à effet est systématiquement de mise. Toute action en entraîne une autre, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Par exemple, le boucher canin tue sans la moindre pitié des chiens à coups de batte de baseball tandis qu'il rétorque un "tu n'as pas de pitié?" à son collègue métisse qui bat sa propre mère. Tout ça pour que le boucher canin se retrouve lui-même pendu par ses propres animaux. L'homme serait-il donc un chien? De même que l'opération chirurgicale de la jeune borgne qui entraînera encore plus de malaise au sein de son foyer, ou encore les deux racketteurs qui se retrouveront chassés comme des lapins par leur victime. Adresse inconnue n'est pas mon Ki-Duk préféré du fait de sa trop grande violence (physique et morale, aussi absurde soit-elle)et de son étalage permanent de crasse et de misère humaine. Disons que je n'ai pas besoin de ça pour triper pleinement en ce moment au cinéma, toutes les qualités évidentes du cinéaste mises à part (réalisation pudique, musique sensible).
NB :Mais là où la pilule a vraiment du mal à passer, c'est dans le traitement immonde du film pour son premier passage en DVD zone 2 française. L'image semble être tirée d'une vieille VHS usée (la définition et les couleurs renvoient clairement à Massacre à la tronçonneuse édité chez René Château) et le son est si étouffé que l'on ne distingue même pas ce que disent certains protagonistes. Un scandale. Ne parlons même pas des bonus tout aussi ratés (superbe interview totalement hors sujet de Kim Ki-Duk, making-of d'un quart d'heure...) et le tout facturé une vingtaine d'euros. On est décidément loin de la pureté de Bad Guy pourtant réalisé la même année.
Intéréssant mais trop inégal
Adress Unknown, meme s'il marque un redressement par rapport au navrant Real Fiction, représente néanmoins une relative déception. Au positif, Kim Ki Duk confirme son talent de metteur en scène et son sens de la retenue, de la construction des plans tranchent de façon heureuse avec les tendances à l'épate Dogma qui l'avaient contaminé dans Real Fiction.
On retrouve le travail remarquable sur les sons déjà entrevu dans l'Ile et sa fameuse thématique des souffrances animales. Ne souffrant pas des opacités psychologiques de l’Ile, Adress Unknown est aussi bien plus inégal. Car les enjeux les plus forts du film se concentrent finalement sur le personnage de la fille borgne qui cache son oeil endommagé derrière ses cheveux (belle idée). L’attraction/répulsion vis à vis de l'Amérique s’incarne ainsi sous les traits d'un soldat qui cherche à l'aider à se faire opérer mais semble surtout poursuivre des objectifs de satisfaction immédiate plutot que sentimentaux. Elle offre aussi au film de grandes idées narratives et de mise en scène liées au voyeurisme. Un personnage se retrouve ainsi puni d'avoir regardé au travers de la serrure en ayant l'oeil crevé. L'oeil en papier apposé sur l'oeil de l'héroine du film est une autre belle idée narrative. Les plans au travers d'une serrure et les plans montrant le regard de la jeune fille se brouillant et se troublant sont de belles idées de mise en scène liée à cette question-là.
Les scènes contenant d'autres personnages que l'adolescente borgne contiennent certes des éléments intéréssants. Elles révèlent ainsi l'antiaméricanisme primaire des personnages, leur racisme anti-métis. Elles comportent également de belles idées concernant le traitement de la violence: plans distants, gros plans sur les flaques d'eau comme si la violence était trop horrible pour etre montrable de près. Mais elles n’égalent pas dans l’ensemble la force des passages mentionnés plus haut. On pourrait également contester la façon dont les soldats américains sont dépeints: ils sont le plus souvent montrés comme égoistes et ayant une psychologie sommaire. Le seul soldat qui se rebelle contre ses collègues et aide la fille borgne ne cherche qu'une satisfaction sexuelle exotique à ses manques. D'un autre coté, le comportement des autochtones est aussi dénoncé par le film mais, contrairement aux personnages américains, cela n'aboutit pas à leur diabolisation : ils sont juste montrés comme psychologiquement déstabilisés par l'occupation et ont une vraie complexité psychologique, ce qui n'est pas le cas des GI's.
Le film est au final trop inégal pour surpasser l'Ile mais, du fait de ses qualités, il confirme malgré tout que l'Ile n'était pas un accident et que Kim Ki Duk est un cinéaste coréen à suivre.
Poignant, émouvant, en un mot comme en cent : superbe.
Après une introduction donnant le ton en nous montrant un boucher canin au travail, Address Unknown nous permet de suivre une galerie de personnages atypiques et plus ou moins attachants. Jugez plutôt : une fille borgne, un jeune homme trop réservé, un métis afro-américano/coréen, sa mère qui passe son temps à essayer de contacter par courrier son père qui est retourné aux USA, deux racketteurs de bas étages, un militaire américain qui aide la pauvre borgne, un boucher canin donc et d’autres protagonistes tout aussi marginaux.
Le film présente un constat peu reluisant de la Corée d'après guerre. Tout d'abord au niveau du racisme ambiant, qu'il soit envers les Coréens du nord, les Américains (quelque soit leur couleur) ou encore envers ce pauvre métis qui n’a pas demandé à naître ainsi, dans ce pays. Il est rejeté, maltraité par tous (coréens comme américains) à cause des ses origines, multiples. Ce long métrage pose la question entre autre du problème des militaires en mission qui font des enfants avec des femmes locales, puis qui repartent dans leur pays d’origine, en abandonnant tout ce qu’ils ont commencé à construire (ou pas) derrière eux.
La réalisation de Kim Ki-Duk est sobre, la musique très belle et les acteurs sont criants de vérité, toutes ces qualités permettent une immersion totale dans l'histoire.
Tout le monde a des qualités et des défauts, et ceci est encore plus criant dans Address Unknown : personne n’est parfait, ni complètement mauvais, chacun peut avoir une face cachée, qu’elle soit bonne ou pas, parfois inattendue. Ce film est rempli d’une frustration perpétuelle, qui ne peut se dénouer que par la violence, alors exacerbée. Heureusement, certains passages humoristiques au second degré permettent de soulager le spectateur quelques secondes avant de nous replonger dans leur quotidien sordide.
En visionnant ce long métrage, on sourit, on est triste, on espère, on ne croit plus en rien ; Address Unknown joue avec nos sentiments de manière magistrale. Magnifique et merci Kim Ki-Duk .
Merci à Panasia 2002
Une vision très négative de la politique extérieure américaine…
On a tous encore en tête le très spécial L' Ile sorti en 2001 sur les écrans français : vague de poésie malsaine et dérangée, il avait attiré près de 20 000 spectateurs en salles pour suivre le portrait violent d’une femme muette à la recherche de l’amour dans un lieu des plus particuliers (des cabanes de pêche sur l’eau). Si Address Unknown est complètement différent du point de vue formel, puisqu’il consiste en une succession de saynètes menée à un rythme trépidant avec beaucoup de dialogues et de personnages, il place cependant, comme dans L’Ile, ses protagonistes dans un lieu peu banal (un petit village proche d’une base militaire US chargée d’assurer la paix entre les 2 Corée dans les années 70) et le rôle principal revient à une adolescente borgne très timorée (tiens tiens…).
De nombreuses scènes plus absurdes et troublantes les unes que les autres font définitivement de Kim Ki-Duk un cinéaste à part, l’un des rares coréens de la jeune génération à confirmer son talent à l’échelon international. Pour étayer sa vision d’une population dont la vie est déréglée par la présence stressante d’occidentaux armés, il s’autorise toutes les audaces. Yann vous en a cité quelques unes, ajoutons par exemple un plantage de crayon de mine dans l’œil, une pendaison à un arbre d'un boucher par des chiens, un découpage de tatouage au couteau, des cibles d’archers amateurs assez originales (le dos d’un chien, le bas-ventre d’un soldat), … Parfois drôle, parfois choquante, cette accumulation de déviances somme toute réjouissante n’a qu’un seul défaut : celui de l’overdose ! Car j’aime autant vous dire qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour tenir 2H sans être pris de nausées…
Au delà de ces petits moments absurdes d’une drôle de vie, quelques éléments propres au peuple coréen de l’époque se dégagent en filigrane : les relations Corée du Nord – Corée du Sud très tendues et symbolisées par un ancien combattant récompensé du meurtre de 3 chiens de soldats nordistes par le gouvernement, le racisme et l’intolérance latents symbolisés par la condition d'un métis afro-coréen mal accepté et donc marginalisé, et surtout les relations entre les soldats US et la population locale représenté par un jeune couple mixte, montrées ici comme de simples échanges d’intérêts (un œil contre un cul :-) ) débouchant sur un drame mutuel… Qui a dit que les américains étaient bien perçus chez les autres ?
Poignant
Ce film est vraiment excellent ; le thème abordé est franchement peu attirant mais dès le premier instant, on rentre dedans et on oublie le reste ; d'ailleurs j'en ai oublié de boire le thé que je venais de préparer (et après le thé froid c'est pas bon). Enfin après avoir subit les sarcasmes de mon entourage du genre "Haha ! tu as vu tous les Kim Ki Duk sauf celui là ! mais quel nul !", je me suis décidé à le regarder une bonne fois pour toute ; et j'ai bien fait. Encore un Kim Ki-Duk où le sujet est original et mis en scène de manière très personnelle. Il parle dans son fidèle intérieur de l'influence de l'armée américaine sur le village qui reçoit le camps militaire. Et ce qui est bien, c'est que c'est finalement la première fois que je vois un film coréen qui ne catégorise pas sur les américains. Généralement, les quelques présences américaines que l'ont voit dans les films se résument en gros à des clichés où on voit des américains violer des filles, tabasser des hommes, et en général foutre le bordel. Mais là, l'américain qu'on voit le plus souvent dans le film a un caractère plutôt ambigüe ; même s'il est franchement un enfoiré, il faut avouer qu'il ne force jamais la fille et que manifestement il a vraiment l'air de l'aimer, bien qu'il fini par péter un cable. C'est sûr qu'à première vue, il n'inspire pas confiance ; même les autres américains le prennent pour un pervers et trouvent qu'il donne une mauvaise image de l'armée. Donc on porte à penser qu'il laisse juste miroiter une carotte devant la fille pour se la faire et puis c'est festin ; mais finalement il reste avec elle, et au final semble ètre sincère dans ses sentiments.
Par contre, l'influence de l'armée américaine sur la région est bien là et bien mauvaise ; Kim Ki-Duk ne cherche pas montrer les boulettes américaines vis-à-vis des coréens mais plutôt comment les coréens autour de la base gère l'influence d'un tel environnement. En gros, on voit que les gens parlent tous à peu près anglais, que toutes les enseignes sont écrites en anglais, que les militaires font du traffic de produits américains en tout genre, que la boîte de nuit n'est fréquentée seulement par les militaires, et que finalement, tout le village se base sur la population américaine. Et cela crée de nombreuses tensions entre les coréens, d'où des conflits plutôt nombreux et dégénérant. En outre la politique extérieure américaine est une fois de plus critiquée quand on voit le militaire américain se faire tirer dessus parce qu'il s'en est pris à une coréenne ; même s'il est manifestement arrêté par les militaires, c'est quand même le coréen qui l'a atteint qui doit aller en prison alors qu'il n'a fait que défendre un fille ; mais l'amérique est toute puissante chez ses vassaux c'est bien connus.
Pour ne pas oublier, on voit clairement que les acteurs sont fabuleux, en particulier Yang Dong-Geun et Jo Jae-Hyeon. Le film en lui même est impeccable et reflète bien le talent de Kim Ki-duk en matière de râleur.
Le village
Kim Ki Duk a toujours eu l’art de faire jaillir le beau du sale, le magique du craspec. Il triture l’être humain jusque dans ses entrailles pour le faire renaître plus fort, il crache sur les apparences et magnifie le vrai, et ce systématiquement, dans tous ses films. Avoir tort - d’apparence - est une vertu, une faiblesse digne qu’il apprécie à sa juste valeur. Pour mieux glorifier l'espèce humaine, il choisit généralement des personnages extrêmes : des exclus, des parias, des psychopathes ou encore des dégénérés.
Ici, il fait s’entrecroiser plusieurs personnages dans un village de campagne non loin de la frontière nord coréenne. Un emplacement stratégique lui permettant de développer une histoire riche de sens et de symboles. La double trame principale, dépouillée, est d’abord celle d’une jeune fille borgne qui souhaite soigner son handicap. Un jeune homme amoureux voudra tout faire pour l’aider, mais c’est un soldat américain qui proposera une solution chirurgicale onéreuse en échange des faveurs de la demoiselle. L’histoire parallèle est celle d’un autre jeune homme, métissé père noir américain/mère coréenne qui doit supporter un père de remplacement tyrannique tuant et vendant des chiens pour vivre. A cela, KKD inclus ses délires extrêmes et typiques : la jeune fille aura les faveurs animales et chaleureuses d’un jeune chiot, elle sera violée un peu plus tard, des chiens seront tués, le métis aura des liens étranges avec sa mère, presque incestueux, surtout disproportionnés etc.
Difficile d’expliquer ce film sans le spoiler, néanmoins le titre est joliment trouvé : Adresse inconnue. Cette adresse est celle de personnes qui ne sont pas à leur place, à qui il est difficile de se trouver une identité. Dans ce lieu d’apparence onirique car délimité par un brouillard permanent, on voit des gens qui se trompent de colère en fustigeant le nord ou qui vivent en se prenant pour d’autres, ici via l’influence des US et du rêve américain. Ce bonheur a un prix : la négation de sa propre identité. Un autre réalisateur un peu plus démagogue serait tombé dans le manichéisme facile en rendant mauvais le soldat américain du film, à lui seul symbole de la suprématie des Etats Unis sur le territoire coréen. Au final il n’en est rien, ce dernier apparaissant comme un faible, un homme ayant peut être un potentiel quant au développement de sa vie mais qui, à cet endroit, n’a pas sa place lui non plus. Le plan final, bouleversant, conclut le film de la meilleure façon qui soit, faisant se rejoindre toutes ces entités dans un seul et même malheur absurde et inutile.
A l’inverse, on pourrait reprocher au réalisateur de refuser tout mélange, de démontrer une logique à la « chacun chez soi » discutable et négative. Le métis et ses rapports houleux avec sa mère pourraient passer pour une sorte de parabole montrant un coréen métissé de l’intérieur parce qu’influencé en voulant à sa mère patrie de ne pas l’avoir assumé à 100%. Crever l’abcès est évidemment traduit ici par une scène violente et dérangeante, trop extrême pour que l’on y adhère totalement. Et d’ajouter le p’tit critique cinémasien que les plus belles personnes qu’il lui aient été donné de voir sont bien souvent métisses. C’est la seule nuance qui mérite d’être signalée, elle relève d’ailleurs du chipotage à la vue de la réussite du film.
Très bon
Que dire de Kim Ku-Duk ? Déjà que c'est le meilleur réalisateur coréen du moment, qu'on l'aime ou qu'on le déteste il ne laisse personne indifférent . De plus ses films se ressemblent mais sont aussi tous différents . Le sujet du jour, "Adresse Inconnu", un film coup de point . La mise en scène est énergique pour un scénario assez difficile et dure, mais les acteurs sont criant de vérité et touchant, et parviennent à nous émouvoir . La musique est réussite comme dans la plupart des films du réalisateur ... "Adresse Inconnu" est un des trois meilleurs films de Kim KU-Duk avec "Samaria" et le fameux "Printemps, été, automne, hiver et printemps" .
Enorme, tout simplement...
Je le dit d'emblée, ce film est un chef d'œuvre.
Le film nous offre un constat plutôt négatif de la Corée d'après guerre. Le racisme est fortement présent, qu'il soit envers les noirs ou les blancs, les américains ou les coréens. Les acteurs sont tous excellents, la mise en scène sobre mais efficace colle parfaitement a l'ambiance du film, et la musique est parfaite.
A ne pas mettre devant tout les yeux. L'interdiction au moins de 16 ans est sévère, mais juste. Le viol, l'immolation, la pendaison et la zoophilie y côtoient le meurtre, le suicide, le voyeurisme, "l'auto éborgnement", les règlements de compte, les abattages d'animaux... Pas très gai tout ça, mais terriblement poignant. Dans le contexte du film, tout est justifié. Une atmosphère sordide entrecoupée de quelques rares scènes plus légères.
C'est difficile de parler du film sans le spoiler. C'est pour ça que je ne vais pas en dire grand chose. Magnifique, merci Kim Ki Duk.
Bienvenue en Corée
Alors que THE COAST GUARD traitera de militaires coréens postés à la frontière du Nord,ADRESSE INCONNUE nous montre le quotidien d'un site proche d'une base américaine dans les années 70.
Le premier constat est la désespérance totale des habitants du coin, y compris certains soldats US.Entre le métis rejeté de tous et sa mère quasi-hystérique,son boss tyrannique le boucher local spécialisé dans la viande canine,et accéssoirement petit ami de sa mère,une collégienne taciturne et borgne suivie d'un amoureux rançonné par deux voyous locaux,et petite amie d'un GI par intérêt,bienvenue en Corée,le fameux pays du matin calme!
Rarement tableau aura en effet été aussi noir et chargé.
On suit la chronique au jour le jour de tous ces être blessés par la vie,qui voient leurs destins entremêlés jusqu'à un final forcément sombre et sans lueur d'espoir possible.
Si le métis et la jeune peuvent passer pour les premiers rôles,les autres personnages sont suffisamment étoffés pour prétendre à la même position.C'est là toute la force du scénario,servi par une interprétation collective parfaite et crédible,ou l'on retrouve un JOE Jae-Hyun,fidèle du réalisateur et magnifique BAD GUY,dans la peau du tueur de chiens à la fin glauque.YANG Dong-Geun,avec son physique étrange,a une présence charismatique lui-aussi.
Seuls les américains sont plus esquissés en dehors du jeune rebelle paumé et finalement peu sympathique,mais c'est un choix du cinéaste,qui s'avère payant,de les fondre dans le décor pour rajouter un élément de plus aux contradictions et malheurs de ces coréens "du bas".
On notera beaucoup plus de dialogues qu'habituellement dans cette oeuvre-ci,et moins de belles images,même si la poésie n'est pas absente(l'oeil découpé d'un magazine et collé sur celui de la jeune borgne),ni l'humour (le plan des trois jeunes en file indienne affublés d'un pansement au même oeil) au milieu d'un flot de noirceur et d'émotion(la scène bouleversante des larmes du métis en regardant la photo de sa mère et de son père noir) .Quant au son,souvent en prise directe,il ne nous épargne aucun bruit de ce coin perdu,des aboiements intempestifs aux passages récurrents d'avions ricains,contrebalancés par un score musical discret mais dominé par les fameuses Gymnopedies de Satie,conférant un ton mélancolique en totale adéquation avec l'histoire.
La réalisation qui passe d'un groupe à l'autre nous fait petit à petit nous rapprocher des frustrations et des désirs de ces gens rustres et souvent primaires qui ne peuvent s'exprimer que par la violence physique ou verbale,y compris les militaires étrangers parachutés dans ce monde hostile,et ou les individus plus faibles subissent leur sort avant d'exploser dans un débordement incontrolable d'agressivité.La vision de ces contradictions et ces rancoeurs,ce racisme et cette incompréhension finit d'installer
un malaise présent dés les premières images,et le mot fin apparait sans libérer nos esprits pour autant de tout ce mal-être étouffant.Si on peut avec ce film-là lui reprocher un certain manque de subtilité ou une lourdeur du propos,Kim Ki-Duk frappe quand même trés fort,et là ou ça fait mal,créant surtout une ambiance prenante dés les premières images,à la fois révoltantes et fascinantes,et il confirme son talent de conteur et son sens inné du plan,s'appuyant sur une thématique torturée mais
passionnante,issue des traumatismes physiques et psychologiques.Un vrai cinéaste!
Magnifique... du très grand Kim Ki-Duk !!!
Quelle claque, décidement ce réalisateur reste pour moi le meilleur au monde. A chaque fois c'est le coup de coeur...
"Address Unknown" est à n'en pas douter le plus réaliste des portraits de la Corée des 70's/80's. Une véritable tristesse se dégage du scénario, chaque petit bout d'histoire des personnage est un véritable drame, des destins de familles coréennes si véridiques. L'émotion et la profonde douleur de tout un peuple m'a envahit durant la projection, jamais je ne m'étais sentit aussi proche dans le malheur qu'ont traversé les coréens après la guerre qui les a divisés. Ce n'est pas un procès anti-américain ou une critique politique, c'est un état de fait, la mémoire d'une époque sombre de la Corée qu'il ne faut pas oublier, que les coréens ne pourront jamais oublier.
J'ai été bouleversé par l'interprétation de tous les acteurs, et je dis bien tous.
La réalisation et la bande son sont excellentes, du travail de génie.
Je ne veux pas développer plus pour ne rien gacher à ceux qui n'ont pas encore eu la chance de voir ce bijou.
Jolie morale
On y retrouve le dégoût de Kim Ki Duk pour l'armée.
Une fois de plus, personnages bien choisis et touchants. Scènes avec les chiens assez insoutenables...
Passage préféré: dans le vieil autobus désaffecté.
Un film poignant avec au fond des personnages très humains
Comme dans pas mal de films de KKD (peut être dans tous en fait, je n'en ai vu que 5 pour le moment), il n'y a pas vraiment un seul personnage principal, mais la différence ici, c'est qu'ils ne sont pas 2 (le pere et la fille de Samaria même si pour celui-ci, c'est discutable, le couple de l'Ile, le moine et son disciple de Printemps.., le tireur et la copine du tué de The Coast Guard), on peut en compter au moins 3, de plus, les personnages secondaires ne sont pas si secondaires que cela ! et de plus, ils sont assez nombreux.
Du coup, le film est plus long en temps (mais çà passe vite), KKD s'appuyant sur ses personnages, il ne pouvait les négliger en faisant trop court, sans appronfondir leurs caracteres, leurs psychologies.
Si on retrouve des themes redondants dans les films du réalisateur, celui ci me semble beaucoup plus personnel, d'ailleurs la réalisation fait un peu brouillon, le film semble décousu, moins fluide que ses autres réalisations, et çà engendre un rythme qui colle parfaitement au film !
L'interprétation générale est bonne, les personnages sont pour beaucoup caricaturaux et c'est clairement volontaire.
C'est un très bon film, et je pense que c'est peut être le meilleur pour faire découvrir KKD.
l'homme est un loup pour l'homme
ayant vu auparavant L'ile, Bad Guy et Coast Guard, je commence a cerner KIM ki-duk. certains éléments sont récurrents dans ses films, que ce soit positif ou négatif.
ADRESS UNKNOWN ne déroge pas a la regle et comporte sa dose de violence contenue ou explosive mais peu spectaculaire, de personnages perturbés mentalement (ici la quasi totalité, meme ceux que l'on nous présente sous un jour favorable se révelent instables ou psychopathes).
le film est bon: de nombreuses qualités comme toujours chez KIM ki duk l'esthetisme est soigné, il compose de tres beau tableaux filmés sobrement, sans esbrouffe, les situations sont poignantes et assez psychologiques (dans le sens ou il ya beaucoup de non dits, de silences tres interessants pour cerner les personnages), l'interprétation est bonne et les acteurs attachants.
ce qui dérange positivement, c'est le fait qu'on ait pas de bon personnage, les euls qui soient irréprochables sont les chiens, alors que les hommes sont montrés sous un jour plutot animal justement, ceci étant en partie expliqué par les situations délicates qu'ils vivent, situation du pays aussi.
ADDRESS UNKNOWN nous offre de beaux moments sur un rythme plutot lent mais pas ennuyeux et c'est jusqu'a présent mon film préféré de KIM ki-duk. cependant je regrette encore une fois certaines invraisemblances (par raport a la psychologie des personnages, meme si je me guarderais d'en juger prétentieusement, ce n'est que mon ressenti), et dans la derniere partie (SPOILER a partir du moment ou le métis sombre dans la folie meurtriere ) fin SPOILER, je trouve que le coté dramatique et un peu trop boosté, trop dans la surenchere, comme si KIM ki-duk voulait nous dire: regardez comme mon film est grave, violent et malade!, alors que le reste du film m'avait deja convaincu avec son ambiance melancholique voire desepérée.
pour résumer un tres bon KIM ki-duk, qui n'évite encore une fois pas ses défauts habituels, mais un film marquant comme il sait les faire. le plus proche au niveau ambiance est Coast Guard, ADDRESS UNKNOWN restant le plus riche au niveau des themes abordés. (ca pourrait prendre des semaines a tout analyser)
ps: la bande son ne comorte presque pas de musique mais l'adaptation de SATIE sied a merveille a l'ambiance générale
Comme tout film de Kim Ki-duk qui se respecte, c´est on ne peut plus déconcertant.
On détourne les yeux devant certaines scènes un peu difficiles (ou au mieux on regarde en faisant une grimace).
Kim propose pas mal d´idées inventives et intéressantes dans la mise en scène.
Et là encore les acteurs sont impressionnants. Principalement celui qui joue Chong-guk (pourtant très mauvais dans Fighter in the wind).
Y a quand même pas mal de situations pour le moins incongrues qui m´ont fait me marrer intérieurement pendant des scènes tout à fait sérieuses (voire dramatiques), et je trouve ça assez dommage.
Une fois de plus Kim Ki-duk nous offre une fin des plus poignantes, habitée du même pessimisme inhérent à tous ses films.
30 octobre 2006
par
750XX