Marc G. | 5 | Comédie noir intense |
Ghost Dog | 3.5 | Pas loin d'être un grand film |
Ordell Robbie | 3 | Trouve son âme trop tardivement... |
- Que tu sois terré dans ta chambre à ne rien faire ou dans une cellule de prison, c’est quoi la différence pour toi, hein ?
- (la différence, c’est un parpaing dans ta gueule, salopard !)
Gros coup de cœur personnel pour Mastuda Ryuhei dans ce film, un acteur qui ne m'avait pas laissé indifférent dans Nightmare Detective ou Tabou, mais dont j’avais largement sous-estimé la présence, le charisme, et ce regard aussi mystérieux que destructeur qui vous prend aux tripes. Dans un rôle taciturne qui lui correspond parfaitement, il est l’attraction principale d’un film qui vous emmène très loin dès le premier plan, magnifique survol d’une mégalopole tokyoïte s’étendant à perte de vue, accompagné d’un solo de guitare terrassant, et où des bâtiments disparaissent un à un avant qu’une vague sombre (colère, frustration ?) ne rase tout sur son passage.
Démarrage sur les chapeaux de roue donc, puis relative déception : le rythme faiblit petit à petit dans cette première partie comique où les personnages tardent à trouver leurs marques, avant que l’intérêt ne redevienne croissant au fur et à mesure de la dramatisation des destinées. Parabole troublante sur l’impossible réinsertion dans la société japonaise d’hommes à la marge du système, 9 souls contient de grands moments de cinéma et une bande son inoubliable. Mais un choix de narration plus proche de ses personnages (par exemple, celui de Matsuda Ryuhei, au hasard), lui aurait peut-être permis d’accéder à un cran supérieur d’intérêt et de notoriété.
Avec Nine Souls, TOYODA Toshiaki, cinéaste auteur de longs métrages rock'n'roll, offre un film plutôt convaincant. Nine Souls alterne ainsi le médiocre et le bon, à l'image de l'utilisation du ralenti par Toyoda. Lorsque ce dernier se combine à un score rock nerveux ou classique, cela frise ainsi le gros cliché. Mais associé à un score plus mélancolique il offre au film le genre de petits moments de cinéma transcendés par un score judicieusement utilisé présents dans Porno Star et Blue Spring.
Formellement, Toyoda s’en tire ainsi relativement mieux dans la sobriété que la stylisation. Une idée comme la disparition ou transformation de certains lieux du décor dans la scène d’ouverture pour montrer le temps en action, certains cadrages sentant trop l’influence manga mal digérée, l’usage du ralenti lorsqu’un évadé devenu serveur est démasqué sentent ainsi l’affèterie. Mais ce genre de défaut est globalement moins présent que dans Blue Spring. D'un autre côté, la sobriété du reste a du mal à tirer le film vers le haut. Scénaristiquement, le film est plus convaincant dans sa seconde partie plus sérieuse que dans sa première partie plus axée comédie. Les personnages rencontrés dans la première partie n’arrivent souvent pas à dépasser le stéréotype pour acquérir un minimum de consistance. Ce qui est un peu moins le cas dans la seconde. Pareil pour ce gang de 9 aux figures inégalement attachantes et développées. Et lorsque la fin tente de rattrapper en partie cela c’est par un usage trop envahissant de la voix off. Le passage en montage alterné de la fin n’arrive quant à lui pas à retrouver la force du final de Blue Spring.
D’où un road movie pas déplaisant mais manquant de cette constance dans la densité humaine des classiques du genre. On continuera cependant de notre côté à suivre avec intérêt le travail de Toyoda…