Une progression intéressante
Après un premier court remarqué HK, l'ambitieuse équipe de 4-16 Prod délivre enfin son film suivant, plus d'un an après la fin du tournage. La comparaison est inévitable, mais également difficile. Deux films d'action, mais deux approches différentes.
Autant HK était très chorégraphié dans le style HK justement, autant 6 Hours ne présente pas de combat de 5 minutes, c'est très sec et violent, on ne s'amuse pas trop à faire des acrobaties, le style est bien plus réaliste. Les combattants saignent, deux coups un peu durs et c'est le KO. La durée plus courte de HK et les moyens bien supérieurs (voir plus bas) font qu'évidemment les scènes d'action de 6 Hours sont moins léchées, même si plus nombreuses. Plus généralement au niveau technique, 6 Hours est en deça de HK, DV oblige pour commencer. HK sonnait très cinéma avec son format super-16 et sa photo soignée, 6 Hours fait un peu plus télé. Heureusement deux astuces permettent d'éviter le côté téléfilm, l'ajout de caches pour passer en 1.85 pour commencer, et surtout le travail en post-prod sur l'image, afin de la désaturer et participer au côté froid du film. On gomme donc en partie le côté très numérique de la DV.
Autre évolution intéressante par rapport à HK, le fond. Sur 10 minutes difficile de raconter quoi que ce soit, sur 40 il y a déjà plus de possibilités. Le scénario est assez classique, on prend une intrigue à la Running Man, bien au goût du jour qui plus est avec son côté "reality show", et la transpose dans Paris avec du combat sans armes. On y retrouve les personnages assez habituels, le héros et son frère, un autre candidat assez vindicatif, un grand stratège qui manipule les ficelles, des adversaires variés avec leur style. Bref, du classique. Le ton est assez froid, mais pas dénué d'humour heureusement, évitant ainsi au film de se prendre trop au sérieux. Les touches d'humour noir sont efficaces, même si on doute que l'équipe de 4-16Prod reprenne du poulet de sitôt dans un restaurant chinois... Enfin dernière qualité de fond et pas des moindres, le côté dramatique finit par prendre, et donne une vraie consistance au final. Faire des combats violents, n'importe qui peut, faire des combats qui racontent quelque chose, c'est une autre paire de manche. Et là est bien la progression par rapport à HK, on passe d'une démo purement technique (au niveau réalisation comme au niveau combat) à une vraie implication de l'action dans l'histoire. En espérant que cet aspect sera parfaitement exploité dans le futur.
Plus globalement, avec un budget de 400€ et bien sûr aucune autorisation de tourner dans Paris, on obtient un film plaisant à suivre où l'on voit que tout le monde se donne du mal pour obtenir un résultat intéressant. Bien sûr, certains acteurs ne sont pas très convainquants (il faut dire que tout le monde a prêté main forte devant la caméra, des deux réalisateurs au monteur), mais il faut tout ramener au budget. D'un autre côté, des acteurs comme Patrick Vo et Emmanuel Lanzi donnent tout ce qu'ils ont, même sans être payés. Bref, le film respire l'envie de bien faire. Emmanuel Lanzi est crédible en brute épaisse, et Patrick Vo est à fond dans son personnage. A le voir furax, on se dit facilement "Ouch, ça va avoiner sévère!". Le final Lanzi/Vo est à ce titre court, mais intense.
Outre ce scénario en bonne progression depuis Hk et l'implication des acteurs, la réalisation apporte également son lot d'idées (le gros plan sur les visages lors des poursuites qui rappelle You Shoot I Shoot), même si évidemment vu les moyens c'est un peu inégal (le plan séquence sous le pont manque un peu de lisibilité, le découpage n'est pas aussi bon que pour HK). La musique n'est pas en reste une nouvelle fois, puisqu'elle est à nouveau entièrement originale, fait rarissime pour un moyen métrage sans budget.
Bref, 6 Hours c'est 400€ qu'on pourrait difficilement dépenser mieux. Il ne faut évidemment pas le comparer à des longs aux budgets 100 fois supérieur, mais il compense son manque de moyens par une réelle envie. Enfin il ne se contente pas seulement de refaire ce qui a déjà été fait dans Hk, mais explore de nouvelles pistes. Très encourageant donc, un petit film ambitieux avec ses qualités et ses défauts valant toujours mieux qu'une grosse production calibrée et sans âme.
Cours vite
Le trailer ne trompe pas sur la marchandise : 6 hours, ça frappe fort et beaucoup.
Entendez par là que le film est constitué de 3/4 de combats (et de course contre la montre dans Paris), mais quels combats...
Ici, point ralentis et autres chichis, c'est du brut.
Caméra agitée, rythme effréné ; des fights à la fois brutaux, bien chorégraphiés et réalistes : les persos ne sont pas invincibles, et une baston peut se finir en 3 coups bien placés.
Pour un scénario complexe, il faudra chercher ailleurs, mais c'est pas le but et on n'a pas le temps de s'ennuyer.
Rythme super bien géré et ambiance tendue.
Si l'histoire n'a rien de bien original et est traitée assez vite (de toutes façons, dans un format de 40 minutes...), ça reste bien sympa tout de même de ce côté-là.
Les acteurs ne font pas de miracles en général mais assurent tout de même ; notons surtout un certain Jim Adhi Limas, en vieux directeur de jeu sadique.
Bref, Julien Lacombe et Pascal Sid font une entrée remarquée avec ce moyen-métrage, espérons qu'ils continuent sur cette voie, perso, je suis avec eux à 100%.