Risky Business
Herman Yau semble vouloir une nouvelle fois prouver son incroyable versatilité dans les plus divers genres (et de leur qualité) portés à l'écran. Ainsi, après le calamiteux "Lethal Ninja", sorte d'hommage au pur cinéma d'exploitation hongkongais des années 1990 dans la lignée des "Black Cat" (en bien pire), "On the edge" a été un polar soigné (et réussi) fortement inspiré des "Infernal Affairs". "Whispers and Moans" renoue avec sa veine socialiste déjà abordé dans ses précédents "From the queen to the chief executive" (un chef-d'œuvre méconnu), "Give them a chance" et – dans une moindre mesure – "Shark Busters".
Basée sur la passionnante étude de l'anthropologiste et scénariste Yeeshan Yang (également éditée sous forme de livre), l'histoire s'attache à décrire le quotidien des actuelles prostituées hongkongaises. Bien loin des sujets racoleurs à avoir envahi les écrans dès la fin des années 1980 / début des années 1990 pour satisfaire la libido masculine, le sujet offre moins de scènes de sexe que activités et discussions des filles de joie entre deux passes. Il va sans dire, que tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes. Histoires personnelles reparties sur une dizaine de jours, les différents destins s'entremêlent dans un léger entrelaças faits de petits riens et grands drames. Une vague de syphilis sème la panique dans les rangs des prostituées, une mère se bat pour récupérer la garde de sa fille, tandis que d'autres cherchent simplement à décrocher.
Un casting constitué de la crème de rôles secondaires hongkongais, Athena Chu en tête, les acteurs sont tous convaincants dans leurs rôles de composition, d'autant plus réels que mis en scène avec beaucoup de réalisme (caméra à l'épaule). Il manque, certes, une certaine finesse, mais Yau réussit une œuvre forte dans un cinéma hongkongais autrement plus divertissant par ailleurs.
