L'art de s'exprimer
Après un magnifique – quoique classique" premier "Electric Shadows", la réalisatrice Xiao Jiang est de retour avec son nouveau long-métrage. Qui va diviser.
Incroyable melting-pot de genres et d'expressions artistiques, il agacera sans aucun doute beaucoup de spectateurs par ses nombreuses incohérences, ses effets de style parfois un peu grossiers et / ou faciles et par un dénouement attendu, mais néanmoins confus.
D'un autre côté, ce film se pose en véritable équivalent d'un "Grand Bleu" en France ou "Trainspotting" en Angleterre en son incroyable capacité à prendre le pouls de son époque et à embrasser cultures et tendances de toute une génération actuelle. L'excellente introduction donne ainsi le ton, en incluant objets et couleurs pop, scènes animées et musicales et en brouillant les pistes entre fantasme et réalité. Jaycee Chan surprend par un nouveau choix osé dans sa jeune – et déjà très riche – carrière cinématographique et est parfait dans le rôle du niais et timide Zhang. Le taïwanais Chen Bolin est son parfait opposé et la jeune nouvelle Niu Mengmeng complète ce trio insolite de bien belle manière.
Puis arrive cette incroyable séquence musicale, qui donne le ton de l'entier film: ça démarre sur une scène, qui voit Jaycee incapable d'avouer son amour à Niu; au lieu de cela, il se met à réciter des chapitres appris par cœur dans un livre médical. Il est donc incapable de donner libe cours à ses vrais sentiments / opinions, mais de ressortir à la lettre près des discours théologiques prônés par une science. Ensuite, on voit des jeunes étudiants attachés à une chaise, récitant ces mêmes leçons. Des jeunes gens incapables d'agir librement, tenus par une science, mais également par une certaine "idéologie". Les personnages de Zhang et de Wu représentent donc l'homme de mots et l'homme d'action – une notion d'autant plus forte dans un pays, comme la Chine. D'autres sous-entendus font très explicitement mention de cette situation et incitent les jeunes à se bouger, à agir, de transcender une seule idéologie de pensée. Parfois un brin simpliste, le message se traduit merveilleusement par le mélange d'expressions artistiques, comme le film, la danse, le dessin et la musique. L'expression artistique est celle de la liberté. "PK.COM.CN" aura permis à la jeune Xiao Jiang d'affirmer, ce qu'elle pense vraiment de son pays. Et il n'y a pas plus belle utilisation d'un outil artistique, que celui de dévoiler sa vraie personnalité et de chercher à vraiment communiquer avec son audience. Le plus grand respect et la confirmation d'un vrai grand talent !!!
Très dur de donner une note à ce film: autant surprenant dans sa liberté de ton, de styles, d'image... qu'agaçant par son côté "jeunisme", clip, décousu et branchouille. Jaycee CHAN est maintenant un acteur confirmé, sa carrière sera à suivre.
Impressions très diverses et contradictoires, difficulté à s'accrocher au film ( le récit éclaté n'aide pas), et un certain manque d'originalité malgré les apparences, font que j'ai préféré le premier film de XiaoJiang "Electric shadows", beaucoup plus classique mais plus facilement appréhendable.