Elise | 4.5 ![]() |
Petit bijou |
Ghost Theatre explore le cinéma de la période coloniale, où plutôt de la fin de la guerre, quand le Japon était en train de perdre la guerre. Le patron du cinéma dit bien qu'il a été construit sous la période coloniale, et toute l'histoire tourne autour d'un film mystérieux jamais montré, et tourné aux alentours de 1945. Ainsi, on suit une jeune fille qui cherche sa grand mère au milieu de ce cinéma presque en ruine, bientôt vendu, car complètement déserté par les spectateurs, qui y préfèrent les multiplexes. Jeon Kye-Su tourne ainsi son film dans un style très après-guerre, comme si le temps avait été suspendu depuis cette période, et donne à son histoire le ton musical qui lui donne énormément de charme. Même si elle se situe dans la société actuelle, tout a l'air d'indiquer qu'il n'y a pas eu d'évolution depuis la fin de la guerre. La ville n'apparait jamais, et tout ce qui entoure le cinéma reste constamment dans le brouillard. De même le personnel du cinéma est le même que la troupe ancienne qui hante la cinéma, et qui chaque nuit prend possession du lieu.
Jeon Kye-Su va jusqu'à reprendre la légende du minotaure et du fil d'Ariane pour symboliser la résistance contre les japonais, toujours dans un contexte cinématographique, et critique ainsi l'oubli de ces films qui ont contribué à l'identité nationale et la liberté. Ghost Theatre atteint un point culminant lorsqu'il montre, sur fond de rock, la troupe de fantôme chanter une chanson basée sur des insultes et montrant bien la fureur de ces personnages dont le dur travail a disparu, mais qui doivent hanter ce vieux cinema car la vérité se trouve en ses murs. On se rend compte ainsi que le soldat japonais est en fait un sympathisant qui a souhaité aidé ces "résistants cinématographiques" en jouant son propre rôle de méchant soldat, alors qu'il est totalement pacifiste (il ne supporte même pas d'entendre des insultes).