Vesoul 2008
Cette année encore le festival de Vesoul aura vu une programmation très ecclectique de jeunes réalisateurs asiatique, malgré un manque cruel évident de films coréens dans la compétition. Par ailleurs, la chine était plutôt bien représentée puisque
The Red Awn et le
Vieux barbier sont en compétition, alors qu'une rétrospective a également été présentée en l'honneur de
Stanley KWAN, qui a reçu le cyclo d'or d'honneur par le Festival. A noter également la présence de deux films iraniens,
Those Three, de
Naghi Nemati, et
Le Cahier, de
Hana Makhmalbaf (co-produit par la France), qui sortira sur nos écrans le 20 février prochain. Et c'est finalement le
Vieux barbier qui remporte le cyclo d'or "
pour son scénario authentique, plein de dignité et loyauté pour la ville de Pékin face à la globalisation, pour son sujet né de la chimie subtile et délicate entre les membres d’une équipe de non professionnels" ; il repart également avec le prix du jury NETPAC
(1), qui l'a choisit "
pour son histoire émouvante d’êtres humains en particulier ceux marginalisés, et pour la relation entre l’homme et son environnement traitée avec beaucoup de sensibilité". Le Grand Prix du jury revient au jeune réalisateur philippin
Auraeus Calo SOLITO pour son
Philippine Science, Le Prix Emile Guimet
(2) au kirghiz
Boz Salkyn, de
Ernest Abdyjaparov, et le Prix Langues O'
(3) à
The Red Awn, de
CAI Shangjun. On notera enfin que le public a jeté son dévolu sur
Philippine Science, alors que les jeunes ont préférés le documentaire franco-chinois
Enfants bananes, de
CHENG Xiao-xing .
Tous les résultats :
Cyclo d'or d'honneur :
Stanley KWAN
Cyclo d'or :
Le Vieux barbier, de
HASI Chaolu (Chine)
Grand Prix du Jury International :
Philippine Science, de
Auraeus Calo SOLITO (Philippines)
⇒ Mention spéciale :
Those Three, de
Naghi Nemati (Iran)
Prix du jury NETPAC :
Le Vieux barbier, de
HASI Chaolu (Chine)
⇒ Mention spéciale :
The Red Awn, de
CAI Shangjun (Chine)
Prix Emile Guimet :
Boz Salkyn de
Ernest Abdyjaparov (Kirghiztan)
⇒ Coup de coeur Guimet :
Frozen, de
Shivajee Chandrabhushan (Inde)
Prix Langues O' :
The Red Awn, de
CAI Shangjun (Chine)
⇒ Coup de coeur Langues O':
Le Vieux barbier, de
HASI Chaolu (Chine)
Prix du public :
Philippine Science, de
Auraeus Calo SOLITO (Philippines)
Prix du public documentaires :
Le Cri du coeur, de
Takahashi Shinji (Japon)
Prix Jury Jeunes :
Enfants bananes, de
CHENG Xiao-xing (France-Chine)
Prix Jury lycéen :
Le Vieux barbier, de
HASI Chaolu (Chine)
Découverte
Vesoul proposait cette année quelques programmes spéciaux. Tout d'abord, la célébration des 150 ans de relations entre la France et le Japon était l'occasion de proposer une dizaine de films co-produits par les deux pays, pour la plupart des films cultes, comme
Hiroshima mon Amour, d'
Alain Resnais, ou des films d'
OSHIMA Nagisa,
OZU Yasujiro,
KUROSAWA Akira. Ensuite, un regard sur le cinéma Tadjik, pour lequel étaient proposés 9 films ; ne connaissant absolument rien de ce cinéma, je me suis aventuré à la projection de l'
Otage, de
Younous Youssoupov (1983). Très teinté de propagande communiste, il décrivait le combat entre des militaires soviétiques cherchant à acheminer un vaccin et les musulmans intégristes qui veulent le détruire ; voulant reproduire le style du western spaghetti, ce "eastern" arrive finalement à divertir convenablement avec de l'action omniprésente et un discours idéologique dépassé et donc amusant.
Il y avait ensuite l'hommage à
Stanley KWAN, réalisateur hong-kongais qui nous aura accordé un belle
Interview, et une
table ronde des réalisateurs chinois sur la production de films en Chine et les possibilités de co-production avec la France. Alors que
Teresa Wong insiste sur le rôle du producteur dans le processus de fabrication d'un film, les réalisateurs chinois parlent de leur expérience et leur envie de réaliser des films en co-production avec la France.
Stanley KWAN, qui devait initialement participer au débat, aura été finalement absent, ayant du remplacer au pied levé
KOBAYASHI Masaki, le président du jury international, qui avait dû retourner au Japon pour raisons personnelles.
Enfin, la section Villes d'Asie représentait une partie importante de la programmation, puisqu'elle comptait 19 films, dont 7 documentaires. Certains étaient déjà bien connus, comme
Beijing Bicycle,
Made in Hong Kong, ou encore le film français
Persepolis, ou l'indien
Salaam Bombay! Pour ma part, je me suis intéressé au film de
YING Ning,
Ronde de flic à Pékin qui, joué par de vrais policiers, propose un regard frais et humoristique sur les polices de quartier dans la capitale chinoise ; et aux
Gens d'un bidonville, de
BAE Chang-ho, qui s'intéresse, comme le titre l'indique si bien, aux personnes contraintes de vivres dans les zones les plus pauvres de Séoul.
J'ai également profité de ce week-end pour découvrir des cinéma qui ne sont pas vraiment traités sur cinémasie, et j'ai eu d'agréables surprise grâce à un film libanais et un palestinien. Le premier,
Beyrouth Fantôme, de
Ghassan Salhab (1998), montre le quotidien dans la capitale libanaise d'ancien résistants qui retrouvent l'un des leurs qui avait disparu depuis 10 ans. Il vaut surtout pour son histoire passionnante, une sorte de road movie dans son approche des personnages, qui bénéficie d'une ambiance sonore particulièrement incroyable. Le second,
Un Ticket pour Jerusalem, de
Rashid Masharawi (2002), parle d'un habitant d'un camp de réfugiés qui va de camp en camp avec son matériel de projection pour montrer des films aux enfants, et décide un jour de projeter un film au sein même de jerusalem. Fait avec peu de moyen et par un vrai natif des camps, il montre l'intérieur de ces camps et donne à son sujet, malgré une esthétique bon marché, une vraie âme combattante.
A l'année prochaine
Encore une année où la programmation aura été bien éclectique et riche en nouveaux talents comme en hommages à de grands réalisateurs. C'aura également été l'occasion de voir une fois de plus l'énergie du festival en la personne de Jean Marc-Thérouane qui courait dans les sens et était partout à la fois. Il est toujours agréable de venir en festival et de voir ses organisateurs se bouger réellement et lui donner vie, et cela explique pourquoi les gens qui viennent sont toujours au rendez-vous l'année suivante.
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Notes
(1) NETPAC : Network for Promotion of Asian Cinema. Organisme international composé de professionnels du cinéma et chargé de faire la promotion du cinéma asiatique dans le monde.
(2) Le Musée Emile Guimet, à Paris, est un musée d'art orientaux. Son auditorium projette en mars une sélection des films présentés au festival de Vesoul
(3) L'INALCO, communément appelé Langues O', est l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales. On y enseigne 95 langues et dialectes du monde.