Gérardmer 2004

Présentation

Créé en 1994 pour succéder au défunt Festival du Film Fantastique d’Avoriaz, le Fantastic’arts de Gérardmer s’est imposé en 10 éditions comme la grand’messe française du cinéma fantastique. Les nombreux réalisateurs prestigieux (John Carpenter, William Friedkin, Norman Jewison…) amenés à en présider le jury y ont découvert et consacré les oeuvres de cinéastes tels Peter Jackson, Ronny Yu, Alex de la Iglesia, Wes Craven, Vincenzo Natali et un certain Nakata Hideo… Outre les deux prix attribués à des films de la compétition officielle, un court métrage, un film d’animation et un direct-to-video sont récompensés par les jurys officiant dans les 3 sections parallèles. Aujourd’hui, le Festival du Film Fantastique de Gérardmer est derrière Cannes, l’un des plus grands festivals français, au même titre que Deauville et Cognac.

L’édition 2004

Malgré des invités prestigieux (Paul Verhoeven, Jean Pierre Dionnet, Christophe Gans, Christopher Lee à qui l’on rendait hommage…) et l’apparition prometteuse de la section animation, l’édition 2004 aura déçu. Même si l’on ne la juge pas à l’aune de l’excellent cru 2003 (qui consacra plusieurs films de la valeur de May, Maléfique et surtout Dark Water), force est de constater que la sélection officielle (à forte coloration asiatique) aura présenté bien peu d’œuvres inédites et surtout de qualité. Finalement, la lumière sera surtout venue de films hors compétition, principalement présentés dans le cadre des rétrospectives consacrées à la filmographie de Christopher Lee et au Bestiaire Fantastique (avec des classiques tels King Kong, La Belle et la Bête, La Féline, La Planète des Singes, The Fly, Starship Troopers…)

La Compétition Officielle

Les films : Acacia (Park Ki-Hyung, Corée), A Tale of Two Sisters (Kim Jae-Woon, Corée), The Happiness of Katakuris (Miike Takashi, Japon), Jeepers Creepers 2 (Victor Salva, USA), Lost Things (Martin Murphy, Australie), Love Object (Robert Parigi, USA), Session 9 (Brad Anderson, USA), Sur le Seuil (Eric Teissier, Canada).

Comme on pouvait malheureusement le prévoir (bien peu de films étaient inédits, certains étant même déjà sortis en vidéo depuis de longs mois), la section phare du festival s’est avérée très décevante. Certes, on en retiendra quelques films intéressants (principalement Love Object de Robert Parigi et Session 9 de Brad Anderson ainsi que l’inégal mais divertissant Happiness of Katakuris de Miike Takashi, lauréat d’un prix du jury), mais de la sélection phare d’un pareil évènement cinématographique, on est en droit d’attendre mieux qu’outre ces trois honnêtes films, un surf-movie horrifique raté (Lost Things), et deux séries B académiques mais efficaces (Jeepers Creepers 2 et Sur le Seuil). Sans parler des deux fiascos coréens, Acacia et surtout Tale of Two Sisters, film navrant de nullité crasse que le Jury aura pourtant (à la surprise de l’essentiel du public et d’une bonne partie de la presse) consacré Grand prix du Jury, tandis que les « Lycéens de la région Lorraine » lui décernaient leur prix spécial. Peut être l’extrême médiocrité de la compétition aura-t-elle rendu difficile le travail d’un jury, forcément bien à la peine puisqu’il s’agissait d’extraire le peu de bon grain qui subsistait dans des monceaux d’ivraie. La presse internationale en tout cas ne s’y trompa pas puisque son prix revint à Love Object qui a défaut de révolutionner le cinéma avait su faire montre d’assez d’originalité et d’intelligence pour convaincre un tant soit peu.

Phénomène intéressant à observer cette année, seule une minorité de films de la sélection officielle répondaient réellement à la définition stricte du fantastique (Lost things, Jeepers Creepers 2 et Sur le Seuil). Qu’est ce qui a bien pu valoir aux autres œuvres leurs sélections respectives ? Difficile à dire, mais il paraît acquis que ce n’est pas leurs qualités…

Section Animation

Si l’on aura été loin de l’indigence qui a caractérisé la sélection officielle, la Compétition Animation fraîchement créée n’aura pas su répondre à toutes les espérances que l’on pouvait fonder en elle. Là encore, peu de films inédits (certains étant même sérieusement datés tel Patlabor WXIII) et de véritables surprises même si c’est avec plaisir que l’on aura revu l’OVNI Tamala 2010 et découvert le seul film non-asiatique de la sélection, l’argentin Mercano le Martien, une oeuvre délirante, visionnaire, fine, anarchiste, nihiliste, politiquement incorrecte et profondément nonsensique qui restera comme l’une des rares bouffées d’air frais du festival. Par ailleurs, on aura pu (re)voir l’exécrable Sakura Wars un film de cinéma très nettement inférieur à la moyenne des OAV, et enfin Wonderful Days, film d’animation le plus cher de l’histoire de la Corée, très beau mais très vide et surtout lauréat du prix animation.

Section « Inédits vidéo »

Toujours pas grand-chose de neuf à se mettre sous la dent dans cette section qui met en compétition des films de cinéma qui ne bénéficieront (où n’ont bénéficié) que d’une sortie vidéo sous nos latitudes. Au final, beaucoup de films médiocres (dont les deux représentants asiatiques, Black Mask 2 et Resurrection of the Little Match Girl) pour une seule et unique bonne surprise, My Little Eye (Mark Evans, USA), une série B nerveuse et bien écrite à défaut d’être très audacieuse, qui remporta fort logiquement le grand prix de la section.

Scéances spéciales

A l’écart des différentes rétrospectives et compétitions, le festival offrait de découvrir plusieurs œuvres inédites, annoncées à court ou moyen terme sur nos écrans et dans nos bacs à vidéo. Parmi eux, outre le nanar ultime House of the Dead, le passable Double Vision, le très beau film d’animation de Takahata Isao Horus, prince du Soleil, et bien sûr Gozu, road-movie buñuelisant signé Miike Takashi et présenté lors du dernier Festival de Cannes. Ces deux derniers films, projetés principalement pour « préparer » leur future sortie française, auraient eu, plus que beaucoup de sélectionnés, leur place en compétition officielle.

date
  • mars 2004
crédits
Festivals